"C’est pas parce qu’on n’a rien à dire qu’il faut fermer sa gueule."


12.12.12

I ♥ mon libraire !



Parce que quand tu vas chez lui, il te connaît et même, il se souvient que c'est pas la peine de te proposer le dernier Marc Levy. Parce que si t'achètes "50 shades of Grey" en catimini, il va pas t'envoyer un mail en majuscule pour TE DEMANDER SI ÇA T'A PLU et te faire une offre spéciale mummy porn, deux pour le prix de deux. Parce que parfois, il est beau. Et s'il est pas beau, il est drôle. Et s'il est pas drôle, il est souriant. Et s'il est pas souriant, ben c'est pas grave. Tu en changes. Parce que chez mon libraire, c'est pas plus cher. Parce que j'aime les librairies spécialisées. Parce que c'est pas sur Internet que tu pourras te faire dédicacer le dernier Benjamin Chaud.

Parce que le livre n'est pas un bien de consommation comme un autre et que les gens qui ont le courage de se battre pour qu'il continue d'exister méritent qu'on se batte pour qu'ils continuent à gagner correctement leur vie.



Et si tu veux en savoir plus, je te conseille d'aller faire un tour chez Eliabar, chez Gaëlle, chez , chez Bauchette, chez This Pretty things...

6.12.12

J'aime June Carter, je l'aime.


[Comme ici, je te propose la traduction intégrale d'un billet de Letters of Note qui m'a particulièrement touchée...]



Johnny Cash et June Carter se sont mariés le 1er mars 1968. Leur union a duré jusqu'à la mort de June, 35 ans plus tard. Les deux lettres ci-dessous ont été écrites par Cash - la première à June en 1994, à l'occasion de son 65ème anniversaire, et la seconde peu après sa mort, en 2003.

Johnny Cash s'est éteint deux mois plus tard, quatre mois après sa femme.

23 juin 1994

Odense, Danemark.

Joyeux anniversaire Princesse,

On vieillit et on s'habitue l'un à l'autre. On pense pareil. On lit dans l'esprit de l'autre. On sait ce que veut l'autre sans le lui demander. Parfois, on s'irrite un petit peu l'un l'autre. Peut-être que parfois, on considère que tout ça va de soi.

Mais de temps en temps, comme aujourd'hui, j'y réfléchis et je mesure la chance que j'ai de partager ma vie avec la femme la plus extraordinaire que j'ai jamais rencontrée. Tu continues de me fasciner et de m'inspirer. Tu me tires vers le mieux. Tu es l'objet de mon désir, la raison terrestre n°1 de mon existence. Je t'aime très fort.

Joyeux anniversaire Princesse.

John



11 juillet 2003
midi

J'aime June Carter, je l'aime. Oui, je l'aime. J'aime June Carter je l'aime. Et elle m'aime.
Mais c'est maintenant un ange et pas moi. C'est maintenant un ange et pas moi.


14.11.12

Devinette II


Enivrée par l'enthousiasme délirant que tu as manifesté il y a quelques mois, lorsqu'il a fallu résoudre la devinette posée ici-même (clic), je me propose de réitérer l'expérience. Et comme j'ai l'âme d'un auteur classique, je tiens à conserver l'unité de temps, de lieu et surtout d'action. Nous allons donc à nouveau nous attacher à analyser une oeuvre commise réalisée par la chair de ma chair, la lumière de ma vie, le seul et l'unique, j'ai nommé... le Pois chiche. Attention, tant de beauté pique parfois les yeux sensibles.

Mais comme je te sais vénale, je me suis cette fois résignée à t'offrir un peu plus que mes sincères félicitations ou la vague promesse d'une baignade dans mon futur penthouse parisien. Or donc, si tu parviens à deviner ce que représente l'objet mystère ci-dessus, sache que je te fabriquerai un cadeau moi-même, de mes blanches mains. Autant te dire que tu comprendras alors d'où ma progéniture tient son talent pour les travaux manuels. Et pour voir jusqu'où va ta confiance, je te réserve la surprise quant à la nature exacte du cadeau. Voilà, à toi de jouer. J'attends tes théories éclairées sur le schmilblick. Tu as le droit de poser des questions auxquelles je répondrai directement dans les commentaires.

Edit : ll a des crocs impressionnants, une affreuse verrue sur le nez, des yeux oranges, une langue toute noire et un dos couvert d'affreux piquants violets... C'est bien sûr le Gruffalo ! Bravo donc à Ktl, qui remporte le fameux cadeau surprise. Mais je n'en dis pas plus, préservons le suspense jusqu'au bout.
Merci à toutes d'avoir participé, sauf à La Sucrette dont j'ai noté le nom dans mon carnet noir et à la Blonde dont je ne note rien du tout puisqu'elle y est déjà, dans mon carnet noir, depuis qu'elle m'a traitée de Sarkocyclope...

26.10.12

The Big Picture



Bon, je ne te cache pas que depuis que le Pois chiche est scolarisé, les rentrées sont devenues plus rock'n'roll par ici. Surtout quand j'arrive à Paris le 2 septembre sans même avoir commencé à chercher la perle qui ira récupérer mon fils et sa copine la Croquette à la sortie de l'école et qui les divertira intelligemment tout en les empêchant de mettre sens dessus dessous la chambre, qui est après tout la seule pièce encore à peu près salubre de notre appartement. Tu peux me croire, c'est un challenge.

Pourtant, les candidats ne manquent pas... Il y a, par exemple, la fille qui n'est jamais venue à l'entretien et à qui j'ai laissé un message furibard parce qu'elle n'avait même pas daigné nous prévenir. Réponse de l'intéressée quelques siècles heures plus tard : "Dslé, G pas pu aplé G plus de forfait." Il y a aussi celle qui avait l'air super et que je voulais à tout prix, mais que l'agence avait déjà placée ailleurs. Celle qui ne pouvait pas le jeudi. Celle qui pouvait, mais plus tard. Celle qui avait trouvé une famille plus près de chez elle. Celle qui était pleine de bonne volonté mais qui habitait à Pétaouchnoc et qui est arrivée très en retard à l'entretien parce qu'elle avait eu un problème dans le RER... Il y a enfin le jeune homme aux très grosses lunettes qui m'a raconté sa vie. Toute sa vie. Comment son père l'a abandonné à la naissance, comment la DDASS a décidé de le séparer de sa mère alcoolique, comment il a passé 15 ans en famille d'accueil, comment il souffre d'une grave maladie des yeux qui a failli le rendre aveugle (d'où les très grosses lunettes, si tu suis bien) et comment il est aujourd'hui le seul soutien de sa mère diabétique - mais sobre. Je te jure que je n'invente rien.

Qu'importe ! Tu persévères et bon an mal an, après quelques hauts et d'innombrables bas, tu signes enfin un contrat. A toi les après-midi de boulot ininterrompues et les déjeuners qui s'éternisent, la vie ne sera plus désormais qu'un long fleuve tranquille - te dis-tu, dans ton immense naïveté. Grossière erreur ! Tu viens d'entamer un parcours de rafting en apnée, petit scarabée. D'ailleurs, quand Machinette - appelons-la comme ça pour la commodité du récit - a fait une demande d'ajout Facebook à la maman de la Croquette à 17 h 09 dès le deuxième jour, on aurait dû se douter qu'il y avait une couille dans le potage.

Sans même parler des 7 000 textos qu'elle nous envoyait chaque soir pour poser toutes les questions les plus connes qui lui passaient par la tête : "Je suis perdue, où est le parc ? Le Pois chiche veut enlever ses chaussures, je peux lui mettre ses chaussons ? La Croquette est tombée, elle pleure, que dois-je faire ? Comment allume-t-on la télé ? Ah bon, pas de télé ? Comment allume-t-on la chaîne hi-fi ? Et pour mettre en marche le CD, je fais quoi ? Les enfants vous réclament, vous rentrez bientôt ? Vous aimez la tête de veau ? Et sinon, pensez-vous que la notion de progrès est toujours positive ?" Ah non, pardon ! Ça, c'était l'épreuve de philo au bac... Noyées dans ce flot d'interrogations existentielles, nous avons omis de nous poser LA vraie question. A savoir, où diable trouve-t-elle le temps de garder nos gamins, dans tout ça ?! Eh bien, elle avait tout simplement mis cet aspect-là du poste entre parenthèses.
Et comme la méthode Coué n'a qu'un temps, on a eu beau se répéter en boucle elle-est-bien-tout-va-bien, il a quand même fallu se rendre à l'évidence quand pour la troisième fois, des parents bien intentionnés nous ont signalé que les deux nains étaient livrés à eux-mêmes. Nos relations se sont ensuite rapidement détériorées, jusqu'au jour où le Brun est arrivé au parc plus tôt que prévu et qu'il a passé un bon quart d'heure à jouer avec le Pois chiche et la Croquette dans le bac à sable sans qu'elle lève un instant les yeux de son téléphone. Exit, Machinette.

Je te rassure, depuis on a retrouvé une jeune femme qui a l'air super et que les enfants adorent. Mais quand même, ça m'aura bien fait suer, cette histoire. Je n'ai d'ailleurs pas manqué de m'en plaindre ad nauseam à tous ceux qui avaient le malheur de m'adresser la parole, ces derniers temps.

Et puis, je suis tombée sur Liberté Egalité Maternité, le blog d'une sage-femme qui raconte ses missions humanitaires dans des pays en guerre. C'est parfois drôle, souvent émouvant. Voire bouleversant - comme ICI. Ça m'a - un peu - remis les idées en place.

28.9.12

Passing by...



Le temps me manque pour te narrer ma vie passionnante par le détail, mais je tiens tout de même à partager avec toi une pensée hautement philosophique. Figure-toi que j'ai été privée pendant deux jours de mon précieux, mon joli, ma vie... Et ne va pas croire que je te parle du Pois chiche, hein. Ce serait mal me connaître. Non, c'est mon téléphone qui m'a fait la mauvaise blague de bugger pendant une mise à jour. Et j'ai découvert une chose terrible :

Sans ma pomme, je suis nue comme un ver.

Sur ce, bon week-end.

4.9.12

Rentrée


Pas grand-chose à te raconter sur la rentrée, ça s'est plutôt bien passé. Rien à voir avec les adieux déchirants de la petite section... En arrivant devant l'école, j'ai vu une petite fille se précipiter vers nous les bras grand ouverts en appelant le Pois chiche comme si elle retrouvait son père biologique après l'avoir cherché toute une vie. Le Pois chiche lui-même semblait assez surpris, mais j'ai senti que ça démarrait sous de bons auspices. Ensuite, on est montés à l'étage et là, on a vu la nouvelle maîtresse. Tout à coup, les pères se sont découvert une passion dévorante pour la vie scolaire. Ils se bousculaient autour d'elle en la bombardant de questions. Oui, tu l'auras compris, la maîtresse est une bombe. Je sens qu'il y en a plus d'un qui va soudoyer son môme pendant le week-end pour obtenir son zéro-six...Sitôt entré, le Pois chiche m'a oubliée. Je suis restée un long moment assise sur un banc de 25 cm de haut, les genoux rangés derrière les oreilles, à me demander s'il allait y avoir une distribution de polycopiés, un discours, un strip-tease, que sais-je ? Mais après avoir attendu en vain les premières notes de "You can leave your hat on", j'ai fini par me résoudre à partir dans l'indifférence générale. Le Pois chiche a quand même agité une main nonchalante dans ma direction, avec le regard vague du type qui tente de se remettre un visage familier - "Ne me dites rien, j'ai son nom sur le bout de la langue !" ).

Comme je fais H Y P E R attention à ne pas traumatiser mes neurones après ces 3 semaines de vacances, j'avais prévu une petite séance de ciné avec Elle. Sauf qu'avec tout ça, j'ai raté le coche. Qu'importe ! Dix minutes plus tard, j'étais confortablement installée au café avec ma copine A. pour le débrief de la rentrée. Normal. Ensuite, on a fait le débrief de la soirée aux urgences une veille de rentrée avec sa fille qui s'était planté une écharde dans le pied sur mon parquet à 18 h. Et bien sûr, on a enchaîné sur le débrief des vacances, sur nos mecs, sur nos projets d'avenir, sur notre vision de la vie et sur la paix dans le monde. Bref, de fil en aiguille, on s'est séparées à midi. Comme je me sentais un peu coupable, j'ai mis le cap sur le boulot d'un pas rapide. Et puis, j'ai croisé Francis. Je ne crois pas t'avoir déjà parlé de Francis - qui préfère qu'on l'appelle Six Francs, "parce que 6 francs, ça fait même pas un euro..." C'est un SDF que je vois souvent vers Oberkampf, un vrai personnage. Il mériterait un billet à lui tout seul. Non seulement il est très cultivé, mais en plus il raconte toujours des anecdotes absolument incroyables. Comme cette nuit où il était tranquillement en train de se rouler un joint avenue Montaigne quand un couple s'est arrêté devant lui, intrigué par la canne à pêche qu'il avait à la main. Après leur avoir expliqué qu'elle lui servait à ferrer les passants généreux, Six Francs a lancé au type : "Et cette guitare que t'as en bandoulière, tu sais en jouer ou c'est pour la frime ?" La femme a traduit en anglais, l'homme a retiré sa guitare, il s'est assis sur un banc et il s'est mis à jouer. Six Francs a senti que ça le prenait aux tripes et très vite, il a vu des gens s'approcher les yeux écarquillés et le stylo à la main. C'était Bruce Springsteen (qui lui a quand même allongé 500 dollars, on a la classe ou on l'a pas !).

Et sinon, entre deux citations de Gibran, Six Francs m'a demandé : "Tu sais pourquoi Dieu nous a donné deux yeux et deux oreilles, mais une seule bouche ? Parce qu'il faut écouter et regarder deux fois plus qu'on ne parle." Moi je dis, heureusement qu'il m'a aussi donné VINGT doigts pour te raconter ma vie ici !

7.8.12

Blonde !


Ce matin, tout en commençant à faire ma valise dans ma tête [Petite digression : t'as remarqué que la préparation mentale de la valise est un concept exclusivement féminin ? La technique du Brun consiste plutôt à jeter dans le sac trois fringues choisies au petit bonheur la chance cinq minutes avant le départ - ce qui a le don de me rendre totalement hystérique. D'ailleurs les départs en général ont le don de me rendre hystérique. Et ça se lit en couches géologiques dans ma valise : d'abord un savant agencement de vêtements bien pliés ; puis un fouillis organisé de livres, de carnet de santé, de crèmes et de différents chargeurs ; et enfin, sur le dessus, un amas sauvage d'éléments rajoutés à la dernière minute "parce qu'il restait de la place". Ça peut aller d'un tee-shirt que je n'ai pas mis depuis ma dernière soirée au Palace - attends, t'as pas entendu parler du grand retour des 90's ? - à un bonnet pour le Pois chiche - tu sais qu'il peut faire hyper froid, à la mer ?! - en passant par une boîte d'Actron périmés, au cas où j'aurais la gueule de bois - je pars avec le nain, mais je suis optimiste. Je t'ai dit que les départs me rendaient hystériques ?] Donc, me disais-je, tout en préparant mentalement ma valise, avec ma nouvelle blondeur, ma taille de guêpe africaine et mon trikini qui pique les yeux, il ne me manque plus qu'une bouée rouge pour me la jouer jouer dans Alerte à Malibu...
Ah oui, c'est vrai que t'es pas au courant ! Je suis passée du côté blond de la force. J'ai même fait un tie-and-dye, si tu veux tout savoir. Je me suis assise dans un fauteuil massant et j'ai fermé les yeux et crispé très fort les orteils pendant que la coiffeuse alsacienne s'indignait en me parlant des gens qui pensent que Strasbourg est en Allemagne. J'avais envie de lui dire : "Ah bon, c'est pas en Allemagne ?" Mais j'ai pas osé, rapport au fait qu'elle tenait ma chevelure en otage et qu'elle n'avait pas l'air d'avoir le même humour que moi. D'après internet, le tie-and-dye, c'est "un balayage avec un effet de racines très profond. On laisse la demi-tête supérieure au naturel et on éclaircit le reste de la chevelure comme si on était allée au soleil." Et le plus génial, comme je l'ai expliqué au Brun en arrivant à la maison, c'est qu'il n'y a pas de racines quand ça repousse ! "Normal, m'a-t-il répondu, puisque tu as déjà des racines en sortant de chez le coiffeur."
Pour plus de précision, je devrais plutôt dire que je suis à moitié blonde. Ou encore que je suis brune de la demi-tête supérieure, si tu veux. Mais maintenant que j'y pense, dans Alerte à Malibu, il n'y avait pas tellement de brunes de la demi-tête supérieure ? Enfer et damnation ! Enfin, il me reste toujours une silhouette svelte à contempler dans les pupilles énamourées de mon Brun... Ah, on me signale dans l'oreillette qu'après avoir dîné au resto tous les soirs pendant les quinze jours que le Pois chiche a passé chez sa grand-mère et alors que je m'apprête à engloutir des quantités indécentes de pasteis de nata, de jambon fumé, d'arroz doce et de sardines grillées, je peux dire adieu au trikini. En même temps, c'est pas plus mal parce qu'à chaque fois que je lève les bras, je passe en mode topless. C'est utile sur la plage, mais ça peut s'avérer embarrassant quand t'amènes ton gosse à la piscine publique du coin.

Bref, tout ça pour te dire que je pars au Portugal avec mon nain sous le bras et en abandonnant lâchement le Brun-qui-n'aimait-pas-les-vacances à Paris. Alors à dans dix jours !
Comme disent les Rosbifs : "Be good.  And if you can't be good, have fun!"