"C’est pas parce qu’on n’a rien à dire qu’il faut fermer sa gueule."


28.9.11

Le point mode



Sache que je suis une dépensière compulsive. D'où mon surnom de Mme Clakpognon. Depuis quelques années, je suis un peu mieux dans mes baskets et j'ai moins tendance à filer chez le Suédois ou l'Espagnol pour renouveler entièrement ma tenue du jour chaque fois que je me sens fagotée comme l'as de pique. Peut-être aussi parce que j'ai appris à mettre des choses qui me vont plutôt qu'à m'habiller comme des filles à qui j'aimerais ressembler. Bref.
A la naissance du Pois chiche, j'ai eu comme une rechute. Aaaah, la joie de dépenser pour lui en jetant toute culpabilité aux orties ! Pendant quelques temps, j'ai rempli des paniers à tours de bras sur l'Internet mondial. Ces deux rabat-joie que sont mon banquier et mon Brun y ont vite mis le holà. Le premier m'a accablé de lettres évoquant mon découvert autorisé, les anomalies de fonctionnement sur mon compte et des offres mirobolantes de crédit à douze mille pour cent. Quant au deuxième, il s'est contenté de me signaler qu'on risquait de finir tous les trois enterrés vivants sous des montagnes de fringues. "Pourquoi tu dis ça ?" ai-je nonchalamment demandé en m’arcboutant contre le tiroir de la commode pour l'empêcher de vomir son contenu.
Depuis, je me suis assagie. Mais j'ai pas renoncé à toute transaction financière, hein. Faut pas déconner, non plus. Disons juste que je ne cède plus à la pulsion. C'est pour ça que ce tee-shirt poupiya de chez Golden Purple, eh ben je le regrette pas une seconde tu vois.

26.9.11

Jour de grève

"Chers Parents,

Ensemble nous avons à cœur que votre enfant réussisse son année scolaire avec sérénité et nous ferons tout pour cela.
Mais à cette rentrée, la situation est grave
Dans la lignée des années précédentes, le ministère a supprimé 9 000 postes d’enseignants des écoles de France alors que 8 300 élèves supplémentaires sont accueillis dans les classes. Conséquences :  
davantage d’élèves par classe 
moins d’enseignants spécialisés pour aider les élèves en difficulté
moins de remplaçants et des enfants répartis dans les autres classes quand l’enseignant est absent
les enfants de moins de trois ans laissés à la porte de l’école maternelle même quand vous souhaiteriez les scolariser...
A cela s’ajoute :
la suppression des emplois d’aide administrative à la direction d’école  
la disparition des assistants pédagogiques dans les ZEP
la formation des nouveaux enseignants lourdement diminuée.
Dans un contexte de crise, le gouvernement fait le choix de sacrifier l’avenir et prévoit déjà de supprimer encore plusieurs milliers de postes d’enseignants des écoles à la rentrée 2012.
Pour nous, il faut faire entendre que l’éducation doit redevenir une priorité. Il en va de l’avenir de chacun des enfants, comme de celui du pays.
C’est pourquoi, le mardi 27 septembre, votre enfant n’aura pas classe. Nous pensons que nous devons poursuivre notre engagement en faveur d’une école qui favorise la réussite de tous, reposant sur une société plus juste et qui investit sur l’avenir. Nous comptons sur votre compréhension et sur votre soutien."

Quand tu vois que même les enseignants du privé font grève, tu te dis qu'il est peut-être temps de paniquer, non ? D'autant que la France est déjà bonne dernière de l'OCDE (Europe occidentale et Amérique du nord, Japon, Australie, Nouvelle-Zélande, Corée et certains pays d'Europe centrale comme la République tchèque, la Hongrie et la Pologne) en nombre de professeurs par élève. Alors les suppressions de postes, ça commence à bien faire. OK les gars ?

22.9.11

J'ai vu la fureur et les cris *


Toi et moi, on sait que la vie n'est pas qu'un long éclat de rire. Enfin surtout moi, rapport au fait que Verdun est à la rentrée ce que la Petite Maison dans la Prairie est à Saw VI (j'adore ce titre). Crois-moi, bleubite, j'ai vu des choses qui feraient passer tes pires cauchemars pour une simple promenade de santé.
Le lundi, au réveil, le Pois chiche a eu comme un pressentiment. Il m'a annoncé d'un air dégagé : "Aujourd'hui, je veux pas aller à l'école." Et il a ajouté : "Parce que le Pois chiche, ça l'intéresse pas, l'école." Tu noteras que ce n'est pas parce qu'il a peur ou parce qu'il préférerait être en train de courir nu autour d'une piscine en pissant sur les figuiers. Non, non, non. C'est juste que la pâte à modeler, ça va bien cinq minutes. Il a hâte que la maîtresse aborde enfin La Critique de la raison pure. (Tu noteras aussi qu'il parle de lui-même à la troisième personne, ce qui nous donne parfois des scènes d'autocongratulation dignes d'Alain Delon : "Le Pois chiche, il est FORT. Il a réussi à mettre ses chaussures TOUT SEUL. T'as vu, maman, comme il est fort, le Pois chiche ?").
En partant de la maison, il me faisait encore la conversation. Mais plus on approchait de l'école et plus il devenait silencieux. Et plus il s'assombrissait. Et plus il ralentissait. Encore un peu et on reculait.
En arrivant dans le couloir, on a commencé à entendre les cris. J'ai vu le visage de mon petit homme se chiffonner et ses yeux se sont remplis de larmes. J'ai senti que moi aussi, j'avais la boule au ventre. Dans la classe, c'était la panique. Un gamin écarlate hurlait à la mort en s'accrochant à sa mère pendant qu'un autre luttait contre l'atsem pour plonger vers la porte. Hébétés, agrippés à leur doudou comme s'ils venaient de vivre une catastrophe naturelle, les autres gamins se rencoignaient sur leurs chaises en versant des torrents de larmes... Mais à la guerre comme à la guerre, chacun pour soi. J'ai fini par m'enfuir lâchement, poursuivie par les appels pitoyables de mon fils. Je te jure que je n'exagère pas (ou à peine).

Bref, contrairement à toute attente, le Pois chiche a survécu a cette première journée (et moi aussi). Depuis, il arrive parfois qu'on s'échange un regard de connivence, sans rien dire, de l'air de ceux qui savent qu'il vaut quand même mieux en rire...




(* Référence hautement intellectuelle accessible uniquement aux plus de 35 ans)

21.9.11

Cinémascope



"La Guerre est déclarée" de Valérie Donzelli : Roméo et Juliette sont jeunes, amoureux et insouciants. Leur vie bascule le jour où ils découvrent que leur fils Adam a une tumeur au cerveau. Ensemble, ils vont livrer bataille contre la maladie.


Quand j'ai décidé d'aller au cinéma la semaine dernière, je savais à quoi m'attendre. J'avais un paquet de kleenex dans la poche et je m'étais résignée à l'idée de verser des larmes de crocodile. Pour te dire la vérité, je m'en voulais un peu d'avoir choisi ce film. J'avais peur de me coltiner un mélodrame avec moult plans fixes sur des visages tordus de douleurs et des violons lancinants en musique de fond. Mais bon, les critiques étaient bonnes et mon amie J. tenait à le voir.
Précisons, pour remettre les choses dans leur contexte, que l'auteur de ce billet a un jour baigné de larmes le canapé familial devant un épisode particulièrement émouvant de Starsky & Hutch (Mais si, celui où la copine de Starsky meurt quinze jours avant Noël et quand ils ouvrent les cadeaux qu'elle a laissés, Hutch découvre une lettre dans laquelle elle lui demande de prendre soin de Starsky. Même qu'ils ont tellement les boules qu'ils quittent la police... Oh là là, ce qu'il était triste, cet épisode. Attends, je vais me moucher et je reviens). Tu l'auras compris, je suis un peu une mauviette de la comédie dramatique et je mentirais si je te disais que je n'ai pas pleuré.
Oui, mais j'ai ri aussi. Et même très franchement."La Guerre est déclarée" ne tombe à aucun moment dans le pathos et le misérabilisme. Loin des raccourcis faciles, le film insiste au contraire sur la difficulté de tenir la distance et de rester soudés face à l'adversité. Bref, un bon moment de cinéma que je te recommande.




"A propos d'Elly" d'Asghar Farhadi (le réalisateur d'Une Séparation, dont on a beaucoup parlé il y a quelques mois) : Des amis partent passer quelques jours au bord de la mer Caspienne. Trois couples de trentenaires avec leurs enfants et deux célibataires. Ahmad vit en Allemagne et il est revenu en Iran pour rencontrer Elly, une femme que veut lui présenter son amie Sepideh. Mais le week-end vire au drame lorsqu'un des enfants manque de se noyer et qu'Elly disparaît.

Là, pour le coup, je ne savais absolument pas à quoi m'attendre, puisque j'ai vu "A propos d'Elly" avant de voir "Une Séparation". Je crois que j'avais un peu peur de m'ennuyer ; j'avais bien tort. On se croirait presque au théâtre, tellement l'atmosphère est intimiste. La première partie pourrait se passer n'importe où. Mais lorsqu'Elly disparaît, les protagonistes s'empêtrent dans une série de mensonges et sont rattrapés par le poids des conventions sociales et religieuses. Tous se métamorphosent, à l'image de ce ressac agréablement monotone qui devient soudain un mugissement obsédant et inquiétant.
Le scénario est intelligent, les comédiens sont d'une justesse extraordinaire et l'image est magnifique. Je crois bien que c'est le plus beau film que j'ai vu cette année. Je ne sais même pas s'il passe encore en salles, mais si tu as l'occasion de le voir, surtout n'hésite pas.





19.9.11

La fête du slip


 Je sais, je sais. Deux billets aussi rapprochés après un long mois de silence, c'est n'importe nawak. C'est vraiment la fête du slip ici, comme disait le fils d'un copain à la maîtresse le jour de sa rentrée à l'école. Mais quitte à te montrer la commode Oeuf NYC que j'ai gagnée sur Mum Is Geek (merci, merci !) avant les vacances, j'ai décidé d'en profiter pour te donner un aperçu de la chambre du Pois chiche qu'on a intervertie avec la nôtre pendant l'été. C'est assez pauvre en vues d'ensemble, mais c'est qu'il y avait plein de bordel pas très blogogénique dans les coins que mon i-Phone ne me permet pas de faire des photos en grand angle. Tu constateras que j'avais réussi à créer un univers ludique et onirique, comme dans le catalogue Verbaudet, mais c'était sans compter sur les chefs d'oeuvres rapportés du centre aéré et qu'il tient AB-SO-LU-MENT à exposer dans l'appartement. L'avenir de l'art moderne se dissimule au milieu de ces photos, sauras-tu le dénicher ?







J'étais aussi partie pour te mettre une jolie photo des toilettes, parce que le Brun m'a fait la surprise de repeindre la salle de bains pendant que j'étais dans le Sud et que mon salon de lecture est désormais digne des pages d'Elle déco... Malheureusement, je ne crois pas qu'on ait atteint ce niveau-là d'intimité, toi et moi.

13.9.11

I'll be back


 Salut ! Tu te souviens de moi ? Mais si, c'est moi ! La dernière fois, on avait longuement parlé de mon esthéticienne. Je t'avais dit que je partais en vacances, même que je devais te faire signe à mon retour. J'étais encore jeune et naïve, à l'époque. C'était avant la rentrée.
Aujourd'hui, je t'écris du front. Je n'ai toujours pas trouvé la perle qui ira chercher mon fils en plein milieu de la journée à 16 h 30 à l'école et pour l'instant, c'est moi qui m'y colle.

Mais chaque chose en son temps. Sur les vacances, y a pas grand-chose à raconter - c'est dire si elles étaient bonnes. Qu'il te suffise de savoir que grâce à mon gentil neveu et à ma sainte mère, j'ai réussi à m'enquiller Freedom, le dernier pavé de Jonathan Franzen (dont elle parle très bien) tout en adoptant un hâle du meilleur effet. J'ai aussi pris 750 photos du Pois chiche, de son cousin et de sa cousine en train de faire la bombe dans la piscine. Enfin, surtout le cousin et la cousine. Parce que quand l'eau est passée de 26° à 21° après une journée de mistral, le Pois chiche a rapidement manifesté un certain scepticisme face à toute cette histoire de baignade. Il a décrété qu'il préférait courir autour de la piscine en piaillant joyeusement et en s'arrêtant de temps à autre pour arroser les oliviers d'un pipi viril.



Par ailleurs, j'ai failli être écharpée par la foule en délire à la réception du panier intersidéral de la Soupe de l'espace. L'un a embarqué L'Assassin est au collège et le petit bloc-notes de bidules, l'autre s'est appropriée les boucles d'oreille glace et le joli carnet à secrets avec son cadenas, ta serviteuse a mis de côté Waterloo Necropolis avant qu'on le lui pique et les moules à gâteaux à pois ont servi d'écrin à des muffins absolument infâmes réalisés par moi-même avec l'aide précieuse des enfants. Quant au Pois chiche, il s'est littéralement tordu de rire à la lecture de C'est un livre. C'est vrai que le dialogue entre un singe qui lit L'Île au trésor et un âne qui s'interroge sur cet objet avec lequel on ne peut ni chatter, ni twitter, ni envoyer de textos est absolument irrésistible. Mais quand même, vu que le Pois chiche n'a jamais envoyé de textos, ni twitté et encore moins chatté, je me demande encore ce qui l'a autant fait marrer... L'autre livre, c'était La Bête, un recueil de quatre histoires relatant les mésaventures improbables et absurdes de la Bête éponyme et de ses compagnons. Les illustrations de Géraldine Alibeu sont tout aussi poétiques que le texte de Pei-Chun Shih (une auteure taiwanaise dont je n'ai pas réussi à déterminer si elle écrit en français ou si elle est traduite). Mais le véritable clou de ce panier garni, c'était évidemment le drap de bain Simon. Dès qu'il l'a vu, le Pois chiche s'en est emparé et il s'est mis à le traîner partout avec lui. Je peux te dire qu'avec sa serviette Caca Boudin, le roi n'était pas son cousin. J'ai eu le plus grand mal à la lui arracher pour la laver, une fois à Paris.


Le lendemain de notre retour, quand le Brun est venu l'embrasser avant de partir, le Pois chiche a tapoté le lit d'un air engageant en lui disant : "Pourquoi tu restes pas avec nous, papa ?" "Je ne peux pas, je dois aller travailler." Et le môme, sincèrement désolé : "Mais... Mais tu vas être crevé, ce soir !"


Bon, je comptais te narrer la rentrée dans la foulée, mais c'est trop long. Je te garde ma quête de la nounou idéale pour la prochaine fois (ça, c'est du teasing).