"C’est pas parce qu’on n’a rien à dire qu’il faut fermer sa gueule."


21.2.12

Onze



Onze choses passionnantes sur moi-même
(Laisse-moi réfléchir, y a tant à dire)
1 Je me tournicote constamment une mèche de cheveux entre les doigts. Et parfois, j'en tournicote même une de chaque côté avec les deux bras au-dessus de la tête. Non seulement ça me donne un air particulièrement intelligent, mais en plus, je te prie de croire que les gens assis derrière moi au ciné adorent. 
2 Je mets environ dix secondes à sombrer dans le sommeil, au pire quelques minutes. Au bout de 15 minutes d'insomnie, je suis au bord de la crise de nerfs et je me retourne dans tous les sens en soupirant bruyamment. Autant te dire que le Brun est alors tout disposé à abréger mes souffrances une bonne fois pour toutes. 
3 Il y a peu, j'ai découvert qu'une blogueuse avait décidé de s'habiller tous les jours différemment pendant un an en utilisant exclusivement les vêtements qu'elle avait déjà dans son armoire. J'ai expliqué au Brun que j'avais bien envie d'essayer, moi aussi. A quoi il m'a fort justement répondu : "Mais tu t'habilles pareil tous les jours." 
4 Je m'habille pareil tous les jours, mais je change de sous-vêtements et de tee-shirt. Et il m'arrive même de laver mes pulls. Oh ! Tu m'as prise pour une souillon ou quoi ? 
5 Par contre, je ne lave pas mes jeans. Attends, le jean, c'était quand même le pantalon des trappeurs à l'origine. Et crois-le ou pas, je me salis nettement moins qu'un trappeur. 
6 Je voudrais lire les histoires comme Jean-Pierre Marielle. Quand je lis une histoire au Pois chiche, je bouge les bras, je fais des pauses pour ménager le suspense, je change de voix pour chaque personnage, je me donne à fond. Et pourtant, je conclue toutes mes phrases sur le même ton. Je ne peux pas m'en empêcher. Ça m'éneeeeeerve. 
7 J'ai tendance à brailler : "J'adoooore cette chanson !" dès que j'entends les premières notes d'un morceau que je connais. Souvent, ce n'est pas du tout ce que je croyais.  Si c'est les Jackson Five, ça va. Si c'est Matt Pokora, c'est la honte. 
8 Tu l'auras compris, je n'ai donc aucune oreille. Au blind test, je reconnais les chansons quand on arrive au refrain. 
9 Par contre, je chante juste et je chante tout le temps. Et souvent, ce sont les pires scies musicales qui me restent dans la tête et que je fredonne toute la journée sans m'en rendre compte. Si tu veux qu'on soit ennemis pour la vie, tu n'as qu'à mentionner la Danse des canards devant moi. 
10 Un jour, je déposais le Pois chiche à l'école quand il y a eu une alerte incendie. Quand j'ai vu sa classe sortir en faisant le petit train, ça m'a tellement émue que j'ai eu les larmes aux yeux... Et après j'ai fredonné la chenille toute la journée.
11 Mon deuxième prénom est Liberté.

Les 11 questions de la Blonde
1 Quel prénom auriez-vous aimé porter ?
Au CP, tout le monde m'appelait Babar. J'ai demandé à mes parents d'écrire un mot à la maîtresse pour qu'on m'appelle par mon deuxième prénom. Liberté, donc. Au bout de deux jours, j'ai réalisé que finalement, Céleste, c'était pas si mal. 
2 Le plat que vous détestiez enfant ?
La soupe de restes. Aujourd'hui, je l'aime bien, mais je continue à penser que ma mère a fait une grosse erreur de communication au niveau de l'intitulé de la recette. 
3 Savez-vous pour qui vous allez voter au printemps ?
A peu près. Je sais aussi que si c'est Marine Le Pen / Sarkozy au deuxième tour, je voterai blanc. 
4 Où aimeriez-vous habiter ?
J'aime assez l'endroit où j'habite, mais j'aimerais bien aller passer un moment à l'étranger. Peut-être aux Etats-Unis ou au Canada. 
5 Quel est votre gros mot préféré ?
Celui que je dis le plus, c'est "Putain". Mais j'aime les gens qui utilisent des jurons très imagés. Pute borgne, par exemple, j'adore.
6 Votre réplique de film préférée ?
"On n'est pas bien, là ? Paisibles, à la fraîche, décontractés du gland. Et on bandera quand on aura envie de bander."
7 Votre spécialité culinaire ?
"Culinaire", c'est un truc sexuel ? 
8 Aimez-vous aller chez le coiffeur ?
J'aime bien me faire tripoter la tête, mais je déteste le séchoir. Ça me fait des frissons insupportables tout le long de la colonne et j'ai beaucoup de mal à ne pas me tortiller sur mon siège en ricanant comme une hyène. 
9 Aimez-vous la cervelle d'agneau ?
Aucune idée, mais j'adore la langue de boeuf. 
10 Mettez-vous un serre-tête à un moment de la journée ?
Non, ça ne me va pas. J'ai même essayé les headbands, mais y a pas : en français comme en anglais, ça me fait une tête de cul. 
11 Stones ou Beatles ?
Stones ET Beatles. Ou l'inverse.

Les 11 questions d'Anne 
1 Un tour sur le blog des copines tous les jours, tous les deux jours, toutes les semaines ?
Tous les jours, voire plusieurs fois par jour. A la limite de la sociopathie, je dirais.
2 Quelle est ta principale qualité ?
La modestie, sans doute, puisqu'elle m'empêche de m'étendre ici sur mes nombreuses autres qualités.
3 Quel est ton principal défaut ?
Mon incapacité à tenir ma langue, peut-être. Surtout, ne me confie jamais tes secrets.
4 Tu gagnes au loto : tu changes de vie ?
Non, j'aime bien la mienne. De toute façon, je ne joue pas. Quand ils disent que 100% des gagnants ont tenté leur chance, c'est prouvé scientifiquement ou quoi ?
5 Tu gagnes au loto : à qui donnes-tu la moitié des gains ?
Au Brun. Pour qu'il m'emmène enfin à Berlin nom d'un chien !
6 Qu'est ce que tu voudrais voir changer dans ta vie ?
Je le répète, ma vie me plaît comme elle est. Bien sûr, il y a des choses qui pourraient changer, mais finalement, rien qui m'empêche d'être heureuse.
7 Qu'est ce que tu voudrais voir changer dans la société ?
C'est un peu vaste comme question. Disons qu'il faudrait déjà qu'il y ait moins d'inégalités.
8 A quelle époque aurais-tu aimé vivre ?
Dans les années 30, pour être une des premières femmes à piloter un avion.
9
Collants, bas et portes jarretelles ou bas "qui tiennent tout seuls" ?
Collants et plutôt épais, sinon j'ai l'air d'une rescapée du grunge en dix minutes.
10 Par où es-tu passée pour arriver sur blogallet ?
Alors là, aucun souvenir... Je me demande si ce n'est pas toi qui est arrivée ici en premier ?
11 Pourquoi reviens tu sur blogallet ?
Pour le plaisir de te lire pardi !

Mes 11 questions aux autres blogueuses
1 Un super pouvoir ?
2 Une phrase que tu n'as jamais osé dire ? 
3 Une grosse honte ? 
4 Un tic de langage qui t'exaspère ? 
5 Un gros mot ?
6 Une réplique de film ? 
7 Une technique de drague vraiment zarbi ? 
8 Une destination de rêve ? 
Ton pseudo de hardeur/se (ton deuxième prénom + le nom de ton premier animal de compagnie) ? 
10 Cigale ou fourmi ? 
11 Ton idéal masculin / féminin ? 

Et enfin, les onze qui s'y collent
(ooooh, dooooomage)

Mme Gloubi, Opio, Peggy, Mlle Ocytocyne, Severin, Maja, Julia, le Chat, la Sucrette, Trifaze, Cocotine... Si je ne t'ai pas cité et que tu es masochiste tenté, n'hésite pas, hein...

17.2.12

Simple as 1 2 3



 Pour Elle... Allez, je me mets au tag des onze. Je reviens d'ici 11 ans.

A comme Amitiés virtuelles, parce que parfois on se voit pour de vrai et même, on se revoit.
B comme Berlin, parce que oui, le Brun, c'est toujours à toi que je parle.
C comme Ciseaux, parce que j'ai enfin trouvé coiffeur à mon pied.
D comme Débit, parce que celui du Pois chiche est impressionnant. Voire pénible.
E comme E., parce que ma soeur.
F comme Fluke, parce que j'essaye d'arrêter de dire putain, bordel, fais chier, merde !
G comme p'tit Gibus, parce que si le Pois chiche avait su il aurait pas venu (chez le coiffeur).
H comme Heureuse, parce que...
I comme Instagram, parce que c'est ma marotte du moment.
J comme "Julie's Project", parce que c'est extraordinaire, mais pas franchement coussin péteur.
K comme Kamoulox !
L comme Le Lot, parce que même le Brun a aimé ces vacances. C'est dire.
M comme Menuisier, parce que j'en connais un plutôt pas mal de sa personne.
N comme Nounou, parce qu'on a trouvé la perle rare.
O comme sofi Oksanen, parce que Purge, c'est beau, même si ça donne envie de se pendre.
P comme Piéton, parce que je vais à pied au bureau et j'en profite tant que ça dure.
Q comme Quinoa en sachets micro-ondables, parce que je ne suis pas à une contradiction près.
R comme Rentrée, parce que ce serait bien que l'école reste un service public digne de ce nom.
S comme Spiderman, parce qu'on en bouffe à toutes les sauces.
T comme Téléphage, parce que je vais finir par me momifier devant ma télé.
U comme Une Séparation, d'Asghar Farhadi, parce que cet abécédaire prouve que j'aime les trucs déprimants.
V comme les Volets rouges, parce que j'y suis bien, dans ce chez-moi virtuel.
W comme mon Brun, parce que What else?
X comme Xyloglotte, parce que ce site est hilarothanatogène.
Y comme Y en a marre, parce que j'espère que les choses changeront en mai 2012.
Z comme Zouer, parce que le léger cheveux sur la langue du Pois chiche me fait fondre.

Et sinon, rien à voir, mais le petit shop de Severin vient d'ouvrir ses portes. Alors, si, comme moi, tu passes ton temps à dire que ça, tu pourrais te le tricoter toi-même, trop easy, mais que finalement tu vas voir ta mère pour qu'elle te défasse les mailles quand tu t'es trompée, WOODEN est pour toi.

30.1.12

Le retour de la fête du slip



Comme je l'ai peut-être déjà mentionné, j'habite le même immeuble depuis très longtemps. Entre mon épicier et moi, c'est comme qui dirait une histoire d'amour. Raouf m'a connue à 20 ans, perdue dans un immense baggy et nattes au vent, poussant à fond le volume de mon ampli pour permettre à Gravediggaz de couvrir la voix des petits chanteurs à la croix de bois le soir de la fête de la musique... A l'époque, on descendait "chez le rebeu" qui était ouvert sept jours sur sept, jusqu'à une heure du matin. Ses collègues et lui dormaient à tour de rôle, dans un studio à l'étage au-dessus. Malgré des prix assez prohibitifs, c'est souvent là qu'on s'achetait des pâtes en fin de mois, parce qu'il nous faisait volontiers crédit. Et il a encore sur sa porte un dessin que lui avait fait mon compagnon d'alors.

Quinze ans plus tard, on descend chez Raouf ou chez l'épicier. Le magasin est ouvert jusqu'à vingt-deux heures, tous les jours sauf le lundi. Après avoir obtenu la nationalité française, il s'est marié et il a maintenant deux beaux enfants. Souvent, quand on sort de la maison, on passe lui dire bonjour, même si on n'a besoin de rien. Et bien sûr, depuis que le Pois chiche est en âge de marcher, il a toujours droit à un fruit ou une sucrerie. Autant te dire que j'ai été obligée d'interdire qu'on lui donne quoi que ce soit tant qu'il n'a pas observé quelques règles élémentaires de politesse, parce qu'il a une fâcheuse tendance à débarquer dans la boutique en bramant : "Un bonbon !" Parfois, Raouf s'amuse à demander s'il peut venir dormir chez nous et écoute en rigolant mon ingrat de fils lui expliquer avec le plus grand sérieux que hélas, c'est impossible. Tu comprends, il y a trop de jouets dans sa chambre et il ne peut plus accueillir personne. Hospitalité légendaire du nain. Hier, Raouf lui lance au passage : "Au fait, je peux venir chez toi, ce soir ?"

Réponse inspirée du Pois chiche : "Ah non, il y a trop de bazar. Tu sais, chez moi, c'est pas la fête du slip, c'est la fête du bazar."

25.1.12

Lu en 2012 #1 *



Le Schmat doudou
 Pour fêter la naissance de Joseph, son grand-père tailleur lui offre une couverture qui devient son doudou. Plus tard, lorsque sa mère veut jeter la couverture abîmée, Joseph court voir le vieil homme qui la transforme en veste. Au fil des ans, le schmat doudou devient ainsi cravate, mouchoir, puis bouton, jusqu'à ce que l'enfant devenu grand n'en ait finalement plus besoin.
 Un joli conte traditionnel sur le passage à l'âge adulte et des illustrations dans lesquelles je retrouve cette raideur tendre et mélancolique que j'associe à la culture yiddish.
 Le Schmat doudou, raconté par Muriel Bloch et illustré par Joëlle Jolivet, Syros, Coll. Paroles de conteur, 2009.




Une certaine idée du bonheur
 Je vais essayer de te retracer le cheminement qui s'est opéré dans ma tête entre le moment où j'ai découvert le bouquin, celui où je l'ai lu et celui où j'ai entrepris de te le conseiller...  Attention, c'est complexe.
Après avoir parcouru le résumé en quatrième de couverture, j'ai aussitôt classé le livre dans la catégorie chick litt. Ça ne m'a pas empêchée de le prendre et même, truc de dingue, de le lire dans la foulée. Pourtant, il y a moult oeuvres autrement plus prometteuses dans ma pile de livres à lire qui tangue vertinigeusement et menace de s'effondrer à tout moment. A la réflexion, je crois que c'est à cause du nom de l'auteur : Rachel Kadish. Ça m'a fait penser à "Kadish pour l'enfant qui ne naîtra pas" de Kertesz et ça a suffi à me convaincre. Réflexe de Pavlov. Finalement, j'ai plutôt été déçue en bien, comme dit mon père (il est persuadé que c'est une expression courante en Suisse, mais les Suisses n'ont pas l'air de le savoir)... Sauf que tout à coup, au moment de t'en parler, je me rends compte que je ne sais plus ce que ça raconte. Le trou noir. Bref, j'ai fait des recherches et je me suis rappelé que l'héroïne était une universitaire new yorkaise d’une trentaine d’années. Il y a une histoire d'amour qui ne m'a pas passionnée, mais il y a aussi une intrigue assez géniale autour de sa titularisation et des rapports compliqués entre les différents membres du département de littérature. Pour moi, c'est ce qui sauve le livre.
 Une Certaine idée du bonheur de Rachel Kadish, roman traduit de l'américain par Céline Leroy, Sonatine, 2011.




La Colo de Kneller  
Pour ceux qui mettent fin à leurs jours, l'au-delà ressemble étrangement à l'ici-bas. On s'y fait livrer des pizzas et on se retrouve entre suicidés pour boire un coup au bar du coin en compagnie d'un Kurt Cobain obsédé par sa propre notoriété. Mais lorsqu'il apprend qu'Erga, dont il était amoureux de son vivant, s'est suicidée aussi, Hayim décide de partir à sa recherche...
 C'est un ovni littéraire, un texte surréaliste assez court plein d'un humour absurde et totalement désespéré qui me fait irrésistiblement penser aux blagues juives que mon grand-père aimait tant. Ça m'a donné envie de lire d'autres choses de Keret (à lire sur le sujet, cet article du Monde diplomatique).
 La Colo de Kneller d'Etgar Keret, roman traduit de l'hébreu par Rosie Pinhas-Delpuech, Actes Sud, 2001.

* Une nouvelle catégorie dont l'intitulé, simple et efficace, a été trouvé chez Ktl

16.1.12

La reine des gitans et des chats


 Hier, j'ai emmené le Pois chiche au cirque... Je t'avoue que j'y allais à reculons, d'autant que j'ai été un peu échaudée par une précédente expérience, il y a quelques semaines. On était allés voir le cirque Pinder* avec le grand copain du nain - appelons-le Lupin pour rester dans la métaphore légumineuse. Alors c'est vrai qu'on est arrivés tard. Je me doutais qu'à cette heure-là, on avait peu de chances d'être placés tout devant, mais je ne me sentais pas non plus de poireauter une heure avec deux gnomes surexcités en attendant le début du spectacle. Toujours est-il que les seules places qu'on a trouvées étaient à environ 1200 mètres au-dessus du niveau de la mer trèèèèèèèès haut dans les gradins. Derrière une colonne. Avec les spots dans la gueule. Quant au spectacle lui-même, disons simplement qu'il est réglé comme du papier à musique. Les numéros s'enchaînent, les artistes ont l'air au bord du nervous breakdown (quatre représentations par jour, on les comprend) et la moindre babiole lumineuse te coûte un rein (tiens, ça me fait penser qu'il est temps d'aller vider ma poche urinaire). Pour être tout à fait honnête, le Pois chiche et son Lupin étaient enchantés. Ils ont vu des tigres, des lions et des dromadaires, ça a suffi à leur bonheur. Mais moi, j'ai juste trouvé que c'était l'usine. Sans âme, tu vois ?


Alors quand on est arrivés Porte de Champerret et que j'ai vu la tente flanquée de ses trois roulottes, dont une sur laquelle on pouvait lire : "Madame Irma vous lit les lignes de la main jusqu'au coude," j'ai tout de suite eu le sourire aux lèvres. Ce n'était pas le premier spectacle des Romanès que je voyais et j'avais dûment averti le Pois chiche qu'il n'y aurait sans doute pas d'animaux. Sous le chapiteau, on est accueilli par Mme Romanès en personne. D'ailleurs, je reconnais sa voix : c'est déjà elle qui m'a rappelée quand j'ai laissé un message chez eux - genre dans leur roulotte, quoi - pour réserver. La piste est recouverte de tapis persans. Dans un coin, à côté d'un fauteuil Louis XV, un des enfants de la famille joue en traînant derrière lui un chien en peluche attaché à une laisse. Bientôt, la représentation commence dans un joyeux bordel. L'orchestre s'avance, puis recule, s'avance à nouveau, les chanteuses sont assises derrière avec des bébés sur les genoux, une femme passe en tournoyant dans un cerceau, deux gamines dansent en ondulant du ventre, un type fait le tour de la piste avec une chèvre ("Tu vois, maman, qu'il y a des animaux !")... Le spectacle est dédié à la fille cadette d'Alexandre et Délia Romanès, c'est elle la reine des gitans et des chats. J'étais tout émue de la voir jeter des coups d’œil sur son acolyte pour ne pas se tromper dans sa chorégraphie ou d'entendre la famille l'encourager quand elle s'est lancée dans un numéro de rubans aériens. Le clown n'a pas de nez rouge, ni de grandes chaussures - pourtant, je peux te dire que le Pois chiche était littéralement écroulé de rire. Et moi aussi, je me suis laissé séduire par ses jongleries et sa nonchalance burlesque. Alors oui, ça n'a rien de virtuose et le chat n'a pas daigné nous honorer de sa présence ("C'est un gitan, il travaille quand il veut" paraît-il). Et même, le jongleur fait parfois tomber ses quilles, mais ses yeux pétillent et le fil-de-fériste est incroyable. Dans ce cirque à taille humaine, tout est authentique et c'est peut-être pour ça que la magie opère. A la fin du spectacle, Délia vend des beignets et du vin chaud au milieu de la piste, tandis qu'Alexandre exhibe l'affiche du spectacle "vendue 1 , pour financer le cirque Pinder" (tu penses bien que je me suis ruée dessus), ainsi que trois livres publiés chez Gallimard (j'ai découvert sur gougeul qu'il avait été ami avec Jean Genêt, quand même). Deux recueils de poèmes et une compilation d'histoires et de proverbes gitans dont il nous donne un aperçu en hommage aux élections à venir : "Quand un homme veut à tout prix le pouvoir, il ne faut surtout pas le lui donner."



"La Reine des gitans et des chats" du cirque tzigane Romanès, porte de Champerret, jusqu'au 4 mars 2012.

* Merci à l'adorable Mme Gloubi de nous avoir si gentiment fait profiter de ses places en trop !

8.12.11

Back!


 - Pour la Blonde et la Mexicaine, qui n'y croyaient plus -
(si comme moi, tu es du genre après-gardiste,
n'hésite pas à m'imiter)

un livre : Ben tiens. Et pourquoi pas me demander si je préfère pôpa ou môman ? On est bien d'accord qu'il est IMPOSSIBLE de choisir UN seul livre ? Comment ça, c'est le principe du truc ? Ah bon. Alors, le dernier que j'ai lu : Le Sel et le soufre, d'Anna Langfus. Paru en 1960, ce récit autobiographique décrit la longue descente aux enfers d'une jeune Juive de 19 ans, choyée par ses parents et son mari, et qui se retrouve confrontée à l'insoutenable réalité de la guerre et de la Shoah après l'invasion de la Pologne par l'Allemagne nazie. Un document extraordinaire sur la douleur des survivants.

un dessert : Volontiers, du moment qu'on ne me demande pas de renoncer au fromage.

une odeur :  Celle de la lessive de la môman du Brun. Je l'adore ! A tel point qu'à chaque fois qu'on va chez elle, j'apporte du linge à laver. Tu crois que je devrais en parler à un psy ?

un objet : Une gomme. D'aussi loin que je me souvienne, je me suis toujours trimballée avec une gomme que je passais mon temps à triturer et à me frotter sur les lèvres. J'ai arrêté le jour où un copain qui venait de commencer une analyse m'a dit : "Tiens, tu te gommes la bouche... Intéressant."

une ville : Berlin ! Je veux aller à BERLIN (Le Brun, ceci est un message personnel POUR TOI) !

une émotion : Le moment où je suis sortie des toilettes, avec mon test de grossesse au creux de la main, les joues brûlantes et le coeur battant à tout rompre...
 
un moment de la journée : Mon arrêt matinal à la Perle, sur le chemin du bureau, le temps d'un café crème et d'un Libé en diagonale.
 
une paire de chaussures : La dernière que j'ai achetée, des camarguaises noires fabriquées en France (c'est la nouvelle lubie du Brun). 

un dimanche : J'ai aussi un créneau jeudi, si tu veux.  

une chanson : La reprise de Toxic par Marc Ronson que je t'ai mise en accompagnement de ce billet. J'en profite, parce que le Pois chiche rentre ce soir de chez ses grands-parents et il y a toutes les chances pour qu'à partir de demain, je me remette à chanter en boucle La Compagnie des lapins bleus.

Voilà, voilà. Je sais, c'est un peu léger après un long mois de silence. On va dire que ça me permet de prendre un air dégagé pour te souhaiter, mine de rien...

UNE BONNE ANNÉE 2012 !

2.12.11

L'inconnu de la rue Ordener


 Le téléphone vibre en sourdine sur la table basse et l'écran s'allume. Tiens, un texto ! J'adoooore recevoir des messages. Je jette un coup d'oeil, mais le numéro ne me dit rien. Je lis : "Je dors chez Christophe, rendez-vous demain matin à 8 heures, rue Ordener." Putain, la lose. C'est même pas pour moi, c'est juste une erreur.
Tant pis, je réponds quand même : "Trop tôt, trop loin. Personnellement, demain à 8 heures, je serai dans mon lit". C'est totalement faux, je serai sûrement en train de courir partout dans la maison en répétant mon mantra quotidien des jours d'école : "Putain-on-est-en-retard-putain-on-est-en-retard-putain-putain-vite-on-est-en-retard-putain..." mais bon, le type n'en sait rien. Je lui vends du rêve, tu vois. J'aime bien penser que d'une certaine façon, quelque part dans le monde, dans l'esprit de l'inconnu de la rue Ordener, demain à 8 h, je serai encore en train de dormir. C'est presque comme si je m'offrais un dimanche en pleine semaine.

Je sais pas pourquoi, ça me fait penser à la fois où j'ai envoyé un texto à Anita, une vieille amie que je ne vois pas très souvent, pour l'inviter à un dîner à la maison. Quelques instants plus tard, je reçois la réponse : "Qui c'est ?" Je pourrais écrire bêtement "C'est Céleste," mais je me sens d'humeur facétieuse : "J'y crois pas, t'as même pas mon numéro en mémoire ? Allez, je te donne un indice : je suis beaucoup plus bonne que la plus bonne de tes copines !" Et je joins à mon message une photo de moi en maillot de bain. Quand je te dis que je mange du clown tous les matins au petit-déj. Deux secondes plus tard, le téléphone vibre à nouveau : "Désolé, je ne te connais pas." Anita avait changé de numéro et il y avait désormais un mec qui devait bien rigoler en montrant ma photo à ses copains. Ou pire encore, à ses copines trop bonnes.

Mais pourquoi je te racontais ça, déjà ? Ah oui ! L'inconnu de la rue Ordener. Eh bien figure-toi que ce n'était pas une erreur de destinataire. Ni un inconnu. Ni même mon téléphone, d'ailleurs. Non, c'était le téléphone du Brun, qui avait donc rendez-vous avec un client le lendemain matin à 8 heures pour faire un devis.