"C’est pas parce qu’on n’a rien à dire qu’il faut fermer sa gueule."
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24.4.12
Perturbations passagères
Bon, je suis au fond du gouffre. Comme disait l'autre : "le monde est glauque et ça s'écrit G-2-L-O-Q, mon ami." Tu vas dire que je cherche, aussi. Et tu n'auras pas tort. Par exemple, hier, je ne sais pas ce qui m'a pris, je suis sortie en CHAUSSETTES sous la pluie... Oui oui, tu as bien lu. Bien sûr, j'avais des sandales autour. Mais il suffit de marcher dans une flaque d'eau pour comprendre que la sandale, c'est purement décoratif. Je devais avoir la tête ailleurs, je vois que ça. Mais c'est cette soirée électorale, aussi ! Voir Rachida Dati se mettre à racoler à l'extrême-droite dès dimanche soir en évoquant la nécessité de contrôler l'immigration, c'était presque aussi déprimant que de penser aux quelques six millions de personnes qui ont voté FN... Et le pire, c'est que ça ne m'a pas empêchée d'enchaîner sur la lecture de L'Elimination. Pourtant, il n'y avait pas tromperie sur la marchandise : quand t'achètes le livre dans lequel Rithy Panh (le réalisateur de S21 - la machine de mort khmère rouge) raconte ce qu'il a vécu entre 13 et 17 ans, sous le régime de Pol Pot, et comment il a survécu à toute sa famille, tu sais que ça va pas être une partie de franche rigolade. Mais ce qui m'a le plus foutu le bourdon, ce sont ses entretiens avec Duch, directeur de S21 et chef de la police politique du Kampuchéa démocratique. Je trouve qu'il n'y a rien de plus angoissant que d'être confronté à l'humanité qui est à la base des actes les plus inhumains. Bref, quand j'ai refermé le livre, j'avais bien le moral dans les chaussettes (mouillées). Et si la moindre pensée positive avait réussi à surnager dans le marasme général, elle a définitivement été balayée par l'article que j'ai lu ce matin dans le journal et qui décrivait les exactions insupportables commises par l'armée syrienne à Holms.
Je me dis que pour faire un enfant dans ce monde-là, il faut être inconscient. Ou très con.
Ou peut-être juste d'un incurable optimisme. D'autant qu'il suffit parfois de découvrir un groupe dont les chorégraphies déjantées semblent tout droit sorties de l'imagination de Michel Gondry pour reprendre du poil de la bête. Alors si toi aussi t'as besoin d'un peu de soleil dans l'eau froide, regarde donc les clips d'OK GO... (si vraiment t'as pas le temps de regarder les trois, je te conseille d'aller directement au dernier, mon préféré).
20.4.12
Lu en 2012 #2
La Délicatesse, de David Foenkinos
Ah, La Délicatesse... Quelle grosse déception. Je ne sais pas pourquoi, je m'attendais à autre chose. Peut-être parce que j'en avais lu beaucoup de bien. Ce n'est pas que je me sois ennuyée, je l'ai même lu d'une traite. Mais cette femme trop lisse, à laquelle on ne croit pas un instant, cette accumulation de dialogues un peu creux... Disons que c'est le genre de livre que t'achètes au Relai H. avant de prendre le train et que tu donnes une fois arrivée à destination. En même temps, je ne peux m'en prendre qu'à moi, parce que la quatrième de couverture est tout à fait représentative du reste du livre.
"François pensa : si elle commande un déca, je me lève et je m'en vais. C'est la boisson la moins conviviale qui soit. Un thé, ce n'est guère mieux. On sent qu'on va passer des dimanches après-midi à regarder la télévision. Ou pire : chez les beaux-parents. Finalement, il se dit qu'un jus, ça serait bien. Oui, un jus, c'est sympathique. C'est convivial et pas trop agressif. On sent la fille douce et équilibrée. Mais quel jus ? Mieux vaut esquiver les grands classiques : évitons la pomme ou l'orange, trop vu. Il faut être un tout petit peu original, sans être toutefois excentrique. La papaye ou la goyave, ça fait peur. Le jus d'abricot, c'est parfait. Si elle choisit ça, je l'épouse... - Je vais prendre un jus... Un jus d'abricot, je crois, répondit Nathalie. Il la regarda comme si elle était une effraction de la réalité."
Des Vents contraires, d'Olivier Adam
J'ai été séduite par ce personnage à vif dont l'existence s'organise en creux, autour d'une mère absente et d'une mer omniprésente. C'est le premier roman d'Olivier Adam que je lis, mais j'avais énormément aimé l'adaptation ciné de "Je vais bien, ne t'en fais pas" et je crois que je vais m'attaquer au reste...
"Sarah a disparu depuis un an, sans plus jamais faire signe. Pour Paul, son mari, qui vit seul avec leurs deux jeunes enfants, chaque jour est à réinventer. Il doit lutter avec sa propre inquiétude et contrer, avec une infinie tendresse, les menaces qui pèsent sur leurs vies. Épuisé, il espère se ressourcer par la grâce d'un retour à Saint-Malo, la ville de son enfance."
Waterloo Nécropolis, de Mary Hooper
Waterloo Nécropolis attendait depuis très longtemps dans ma pile de livres à lire. Pour tout te dire, il faisait partie du panier garni gagné cet été chez la Soupe de l'Espace (mais si souviens-toi). Je n'arrivais pas à m'y mettre parce que j'ai toujours l'impression - un peu idiote - que la littérature jeunesse, c'est pour les jeunes (ne va pas en conclure que je suis vieille, hein...). Alors que je peux passer des heures dans les rayons de littérature enfantine. Va comprendre, Charles. Bref, j'ai fini par m'y mettre et je ne l'ai pas regretté. L'histoire est assez convenue et tu devines rapidement comment elle va se terminer, mais la description de Londres - en particulier de ses bas fonds - est formidable. Et au cas où les références humanistes de Mary Hooper ne seraient pas assez claires, il y a même une apparition éclair de Dickens en personne. Mais si, comme moi, tu préfères les romans pour jeunes adultes que pour jeunes jeunes (tu me suis toujours ?) et que le Londres du XIXè te fascine, je te conseille les excellents polars d'Anne Perry (surtout la série avec William Monk).
"Londres, 1861. Grace, presque 16 ans, embarque à bord de l'express funéraire Necropolis, en direction du cimetière de Brockwood, pour y dire adieu à un être cher.Elle fera là-bas une rencontre décisive en la personne de Mr et Mrs Unwin, entrepreneurs de pompes funèbres, qui lui proposent de devenir pleureuse d'enterrement. D'abord réticente, la jeune fille finit par accepter leur offre, après qu'elle et sa soeur Lily se retrouvent à la rue. Toutes deux ignorent encore qu'elles vont devoir faire face aux manigances de cette famille peu scrupuleuse, prête à tout pour s'emparer d'un mystérieux héritage..."
Les Anonymes, d'R.J. Ellory
Un polar assez complexe, peut-être un peu trop. L'histoire m'a tenue en haleine jusqu'à la fin, mais j'ai trouvé l'écriture moins originale que dans "Seul le silence". Et puis, si t'as vraiment envie de lire des choses sur les magouilles de la CIA pendant la guerre froide, je te conseille d'aller dévorer American Tabloïd, de James Ellroy. Presque le même nom, mais un cran au-dessus quand même.
"Washington. Quatre meurtres. Quatre mode opératoires semblables. Tout laisse à penser qu’un serial killer est à l’œuvre. Enquête presque classique pour l’inspecteur Miller. Jusqu’au moment où celui-ci découvre qu’une des victimes vivait sous une fausse identité, fabriquée de toutes pièces. Qui était-elle réellement ? Ce qui semblait être une banale enquête de police prend alors une ampleur toute différente, et va conduire Miller jusqu’aux secrets les mieux gardés du gouvernement américain."
Feu de Camp, de Julia Franck
Feu de Camp s'ouvre sur le moment où Nelly et ses enfants passent la frontière pour entrer en Allemagne de l'ouest et c'est une scène magistrale, pour moi la plus réussie de tout le roman. Faute de moyens, la petite famille se retrouve parquée dans un camp de transit où le rêve d'une vie meilleure s'effiloche entre les interrogatoires des services secrets et les mesquineries de cette existence communautaire. Je ne te cache pas que si tu comptais sur Feu de Camp pour illuminer ce mois d'avril tout pourri, c'est mal barré... Personnellement, je l'ai lu par petits morceaux tellement c'est glauque. J'ai trouvé que l'intrigue avait un peu tendance à se perdre sur des chemins de traverse, mais tout ce qui touche au personnage de Nelly est très touchant et juste, et c'est quand même une période passionnante de l'histoire contemporaine. A lire, donc.
"Feu de camp Berlin-Est, fin des années soixante-dix : une jeune femme dont la beauté classique et la tranquille détermination suscitent partout la curiosité a obtenu de passer à l’Ouest avec ses deux enfants Aleksej et Katja. Après avoir affronté les mille et une menaces et humiliations qu’infligeait la RDA à ces candidats au départ, voici Nelly Senff au pays de l’abondance et de la liberté. Mais l’Ouest, c’est d’abord pour les réfugiés la promiscuité d’une chambre partagée avec des inconnus au camp de Berlin Marienfelde et un avenir incertain. Sans compter les interrogatoires soupçonneux et sans fin de la CIA."
25.1.12
Lu en 2012 #1 *
Le Schmat doudou
Pour fêter la naissance de Joseph, son grand-père tailleur lui offre une couverture qui devient son doudou. Plus tard, lorsque sa mère veut jeter la couverture abîmée, Joseph court voir le vieil homme qui la transforme en veste. Au fil des ans, le schmat doudou devient ainsi cravate, mouchoir, puis bouton, jusqu'à ce que l'enfant devenu grand n'en ait finalement plus besoin.Un joli conte traditionnel sur le passage à l'âge adulte et des illustrations dans lesquelles je retrouve cette raideur tendre et mélancolique que j'associe à la culture yiddish.
Le Schmat doudou, raconté par Muriel Bloch et illustré par Joëlle Jolivet, Syros, Coll. Paroles de conteur, 2009.
Une certaine idée du bonheur
Je vais essayer de te retracer le cheminement qui s'est opéré dans ma tête entre le moment où j'ai découvert le bouquin, celui où je l'ai lu et celui où j'ai entrepris de te le conseiller... Attention, c'est complexe.
Après avoir parcouru le résumé en quatrième de couverture, j'ai aussitôt classé le livre dans la catégorie chick litt. Ça ne m'a pas empêchée de le prendre et même, truc de dingue, de le lire dans la foulée. Pourtant, il y a moult oeuvres autrement plus prometteuses dans ma pile de livres à lire
Une Certaine idée du bonheur de Rachel Kadish, roman traduit de l'américain par Céline Leroy, Sonatine, 2011.
La Colo de Kneller
Pour ceux qui mettent fin à leurs jours, l'au-delà ressemble
étrangement à l'ici-bas. On s'y fait livrer des pizzas et on se retrouve
entre suicidés pour boire un coup au bar du coin en compagnie d'un Kurt
Cobain obsédé par sa propre notoriété. Mais lorsqu'il apprend qu'Erga,
dont il était amoureux de son vivant, s'est suicidée aussi, Hayim décide
de partir à sa recherche...C'est un ovni littéraire, un texte surréaliste assez court plein d'un humour absurde et totalement désespéré qui me fait irrésistiblement penser aux blagues juives que mon grand-père aimait tant. Ça m'a donné envie de lire d'autres choses de Keret (à lire sur le sujet, cet article du Monde diplomatique).
La Colo de Kneller d'Etgar Keret, roman traduit de l'hébreu par Rosie Pinhas-Delpuech, Actes Sud, 2001.
* Une nouvelle catégorie dont l'intitulé, simple et efficace, a été trouvé chez Ktl
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