"C’est pas parce qu’on n’a rien à dire qu’il faut fermer sa gueule."


1.4.13

Bonne semaine !








Si toi aussi, tu veux apprendre les jours de la semaine en anglais et stresser le dimanche parce que t'as oublié de passer le lundi à la machine, tu peux trouver les mêmes slips que le Pois chiche chez Gap...

11.3.13

Harmonie familiale

Ma mère est une sainte. En cette période bénie des vacances scolaires, elle a emmené le Pois chiche passer des moments privilégiés avec ses cousins et cousines. Pour une fois, le Brun et moi avons réussi à exploiter avec brio le temps libre qui nous était ainsi gracieusement offert. Un peu au théâtre, un peu au cinéma, un peu dans les musées, un peu dans les restos parisiens avec d'autres parents en permission et beaucoup dans les bras accueillants de Morphée. Une parenthèse de bonheur d'autant plus décomplexée qu'elle était totalement partagée. Le nain - qui m'avait tout de même porté un coup au coeur en me soufflant d'un ton pathétique : "Tu vas beaucoup me manquer, maman. Je penserai à toi tous les jours..." avant de partir - semblait pourtant avoir chaque jour un peu moins de temps à m'accorder. Après avoir commencé par interrompre de façon un peu cavalière nos conversations téléphoniques quotidiennes : "Allez, je te fais des bisous, maman...", il s'est mis à m'écouter d'une oreille de plus en plus distraite - voire à lâcher le téléphone et à s'en aller sans prévenir. Enfin, le dernier jour, quand je lui ai suggéré d'interrompre son film le temps de me raconter sa journée, j'ai eu droit à un lapidaire : "Je te raconterai demain, ok ?"

Ma mère est une sainte, c'est vrai. Mais je lui ai fait un cadeau empoisonné. Tu comprends, depuis quelques temps, le Pois chiche voue une passion sans borne à la Série des P'tites Poules. Si tu ne connais pas, je te conseille vivement de les lire ou de les faire lire à ta progéniture. C'est malin, c'est drôle et c'est bourré de jeux de mots et de références historiques, littéraires et picturales - hélas pas toujours immédiatement accessibles aux tous petits. Dans "Pas de poules mouillées au poulailler", nos amies les p'tites poules mettent en déroute une bande de fouines et célèbrent leur victoire en chantant "Allons enfants de la batterie..." Evidemment, à ce stade de la lecture, il faut brailler sur l'air de la Marseillaise. Emportée par mon enthousiasme, j'ai chanté tout le premier couplet au Pois chiche, qui l'a - hélas - très bien retenu. Et qui la chante désormais à longueur de journées (sauf quand il chante le générique de l'Araignée, son autre passion du moment).

Ma mère est une sainte, je ne le répéterai jamais assez. Mais la Marseillaise à haute dose pendant une semaine a failli avoir raison de sa santé mentale (ainsi que de celle de toute la famille). D'ailleurs, c'est bien simple, au bout de deux jours, tout le monde chantonnait l'hymne national jusque dans les toilettes...



Ma mère est une sainte, tu le sais. Mais sa vengeance a quand même été diabolique. Heureusement que le Pois chiche repartait dès ce matin chez son grand-père paternel, parce que je fredonne déjà l'Internationale en boucle. Dieu seul sait ce qu'il va nous chanter au retour...

16.1.13

Monologue



Maman, tu regrettes pas de m'avoir eu ? Et papa, il était dans ton ventre avant ? Moi, je connais une maman qui avait un papa et un bébé dans son ventre. Et tu sais, les garçons, c'est des gamins et les filles, c'est des meufs. Ah bon, c'est pas joli "meuf" ? Bon d'accord ! Alors, les filles c'est des gamines. Ben oui, c'est mieux, hein ! Maman, je peux regarder un film ? Mais juste un extrait ? Mais pourquoi ? Mais maaaaaman ! Ben toi, t'es plus ma maman ! Moi, je vais changer de famille. L'autre jour, t'avais dit qu'on regarderait le documentaire sur les lionceaux ! Ah non, pas la douche ! Je me suis déjà douché hier. Mais si, tu te souviens pas que je me suis douché hier ? Regarde, je suis pas sale ! Ah, mais ça c'est de la peinture, c'est pas du sale ! Tu crois que j'ai le temps de finir les deux coloriages avant le dîner ? Dans combien de temps on mange ? Cinq minutes ? Ça fait combien de quarts d'heure ? Attends, je compte. Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix... Je sais compter jusqu'à 120, moi. C'est beaucoup, 120 ! C'est plus que 100 000 ! Regarde maman, regarde comme j'ai bien colorié Spiderman. Moi, je l'ai fait tout en rouge, parce que j'aime bien le rouge. Regarde maman, t'as vu ? Ah non, ce dessin, je l'ai fait à la maison, pas à l'école. A l'école, on fait pas ça. On travaille sur "Roule Galette". Tu savais pas qu'on travaillait sur "Roule Galette" ? Je te chante la chanson, si tu veux : "Je suis la galette, la galette, je suis faite avec le blé ramassé dans le grenier. On m'a mise à refroidir, mais j'ai mieux aimé courir. Attrape-moi, si tu peux !" Et bientôt, on fera de la musique brésilienne. Alors moi, je serai brésilien. Je connaîtrai trois pays. Ben oui, parce que je suis aussi portugais. Mais si ! Tu te souviens pas que je suis portugais ? Oui, moi je sais dire "ObriGAdo" en portugais, alors je suis portugais. Regarde comme je colorie bien, j'ai pas dépassé du tout, t'as vu ? J'ai bien apprendu à colorier, moi. J'aime bien tes cheveux, maman. T'as des longs cheveux, on dirait une princesse. Toi, t'es la maman lionne et moi, je suis le papa lion. Papa ? Ah oui, papa c'est le lionceau. Vous êtes tous les deux mes bébés lions et moi, je suis le papa. Ou alors, je suis le bébé deinonychus et toi, t'es la maman deinonychus. Dis, maman deinonychus, si on mangeait un lionceau ? Ben oui, c'est des carnivores les deinonychus. Et ils sont beaucoup plus forts que les lions. Par contre, je sais pas s'ils sont grands. Les brachiosaures, ils sont trèèèèèèès grands ! C'est quoi la couleur la plus forte, le rouge ou le jaune ? Tu me mets "Pierre et le Loup" ? Maman, qu'est-ce que ça veut dire "solidaire" ? Maman, c'est comment le drapeau du Brésil ? Ah ! Mais je le connais celui-là ! C'est le drapeau du Japon, comme Shu Todoroki ! C'est bientôt l'heure de manger ? Tu fais quoi ? Tu finis le bonhomme de l'assiette, d'abord ? Mais si, je mange là ! Alors, j'ai plus le droit de parler ? Tu sais, dans le jeu des forêts, il y a une forêt, eh ben elle est en Europe. C'est à côté de chez nous, l'Europe ! On va pouvoir y aller, dans cette forêt. Moi, je changerai jamais de maman, tu sais. Maman ? Maman ? Maman ? Je t'aime, maman.

Spéciale dédicace à mon père, qui après avoir déclaré il y a fort longtemps que cet enfant était un taiseux, m'a envoyé un SMS désespéré un jour où ma mère et lui revenaient de Lyon en voiture avec le Pois chiche : "Au secours ! Mais ça ne s'arrête donc JAMAIS ?"

PS 1 : Je tiens quand même à te signaler qu'il y a non pas une, mais DEUX personnes qui sont arrivées ici en tapant dans googeul : "Blonde 15 ans de dos". Et ça, ça ensoleille ma journée. Le jour où quelqu'un arrive en tapant : "Blonde 15 ans DE FACE", je fais péter la bouteille de champ !


PS 2 : Le bonhomme de l'assiette, c'est bien sûr Raymond, que tu as déjà croisé ici. Sache qu'avec sa bande de poteaux, JeannineRosemonde et J.-C, ils ont désormais leur propre blog... Et si toi aussi, tu te sens l'âme d'un artiste culinaire, n'hésite pas à envoyer tes photos à Céline !


12.12.12

I ♥ mon libraire !



Parce que quand tu vas chez lui, il te connaît et même, il se souvient que c'est pas la peine de te proposer le dernier Marc Levy. Parce que si t'achètes "50 shades of Grey" en catimini, il va pas t'envoyer un mail en majuscule pour TE DEMANDER SI ÇA T'A PLU et te faire une offre spéciale mummy porn, deux pour le prix de deux. Parce que parfois, il est beau. Et s'il est pas beau, il est drôle. Et s'il est pas drôle, il est souriant. Et s'il est pas souriant, ben c'est pas grave. Tu en changes. Parce que chez mon libraire, c'est pas plus cher. Parce que j'aime les librairies spécialisées. Parce que c'est pas sur Internet que tu pourras te faire dédicacer le dernier Benjamin Chaud.

Parce que le livre n'est pas un bien de consommation comme un autre et que les gens qui ont le courage de se battre pour qu'il continue d'exister méritent qu'on se batte pour qu'ils continuent à gagner correctement leur vie.



Et si tu veux en savoir plus, je te conseille d'aller faire un tour chez Eliabar, chez Gaëlle, chez , chez Bauchette, chez This Pretty things...

6.12.12

J'aime June Carter, je l'aime.


[Comme ici, je te propose la traduction intégrale d'un billet de Letters of Note qui m'a particulièrement touchée...]



Johnny Cash et June Carter se sont mariés le 1er mars 1968. Leur union a duré jusqu'à la mort de June, 35 ans plus tard. Les deux lettres ci-dessous ont été écrites par Cash - la première à June en 1994, à l'occasion de son 65ème anniversaire, et la seconde peu après sa mort, en 2003.

Johnny Cash s'est éteint deux mois plus tard, quatre mois après sa femme.

23 juin 1994

Odense, Danemark.

Joyeux anniversaire Princesse,

On vieillit et on s'habitue l'un à l'autre. On pense pareil. On lit dans l'esprit de l'autre. On sait ce que veut l'autre sans le lui demander. Parfois, on s'irrite un petit peu l'un l'autre. Peut-être que parfois, on considère que tout ça va de soi.

Mais de temps en temps, comme aujourd'hui, j'y réfléchis et je mesure la chance que j'ai de partager ma vie avec la femme la plus extraordinaire que j'ai jamais rencontrée. Tu continues de me fasciner et de m'inspirer. Tu me tires vers le mieux. Tu es l'objet de mon désir, la raison terrestre n°1 de mon existence. Je t'aime très fort.

Joyeux anniversaire Princesse.

John



11 juillet 2003
midi

J'aime June Carter, je l'aime. Oui, je l'aime. J'aime June Carter je l'aime. Et elle m'aime.
Mais c'est maintenant un ange et pas moi. C'est maintenant un ange et pas moi.


14.11.12

Devinette II


Enivrée par l'enthousiasme délirant que tu as manifesté il y a quelques mois, lorsqu'il a fallu résoudre la devinette posée ici-même (clic), je me propose de réitérer l'expérience. Et comme j'ai l'âme d'un auteur classique, je tiens à conserver l'unité de temps, de lieu et surtout d'action. Nous allons donc à nouveau nous attacher à analyser une oeuvre commise réalisée par la chair de ma chair, la lumière de ma vie, le seul et l'unique, j'ai nommé... le Pois chiche. Attention, tant de beauté pique parfois les yeux sensibles.

Mais comme je te sais vénale, je me suis cette fois résignée à t'offrir un peu plus que mes sincères félicitations ou la vague promesse d'une baignade dans mon futur penthouse parisien. Or donc, si tu parviens à deviner ce que représente l'objet mystère ci-dessus, sache que je te fabriquerai un cadeau moi-même, de mes blanches mains. Autant te dire que tu comprendras alors d'où ma progéniture tient son talent pour les travaux manuels. Et pour voir jusqu'où va ta confiance, je te réserve la surprise quant à la nature exacte du cadeau. Voilà, à toi de jouer. J'attends tes théories éclairées sur le schmilblick. Tu as le droit de poser des questions auxquelles je répondrai directement dans les commentaires.

Edit : ll a des crocs impressionnants, une affreuse verrue sur le nez, des yeux oranges, une langue toute noire et un dos couvert d'affreux piquants violets... C'est bien sûr le Gruffalo ! Bravo donc à Ktl, qui remporte le fameux cadeau surprise. Mais je n'en dis pas plus, préservons le suspense jusqu'au bout.
Merci à toutes d'avoir participé, sauf à La Sucrette dont j'ai noté le nom dans mon carnet noir et à la Blonde dont je ne note rien du tout puisqu'elle y est déjà, dans mon carnet noir, depuis qu'elle m'a traitée de Sarkocyclope...

26.10.12

The Big Picture



Bon, je ne te cache pas que depuis que le Pois chiche est scolarisé, les rentrées sont devenues plus rock'n'roll par ici. Surtout quand j'arrive à Paris le 2 septembre sans même avoir commencé à chercher la perle qui ira récupérer mon fils et sa copine la Croquette à la sortie de l'école et qui les divertira intelligemment tout en les empêchant de mettre sens dessus dessous la chambre, qui est après tout la seule pièce encore à peu près salubre de notre appartement. Tu peux me croire, c'est un challenge.

Pourtant, les candidats ne manquent pas... Il y a, par exemple, la fille qui n'est jamais venue à l'entretien et à qui j'ai laissé un message furibard parce qu'elle n'avait même pas daigné nous prévenir. Réponse de l'intéressée quelques siècles heures plus tard : "Dslé, G pas pu aplé G plus de forfait." Il y a aussi celle qui avait l'air super et que je voulais à tout prix, mais que l'agence avait déjà placée ailleurs. Celle qui ne pouvait pas le jeudi. Celle qui pouvait, mais plus tard. Celle qui avait trouvé une famille plus près de chez elle. Celle qui était pleine de bonne volonté mais qui habitait à Pétaouchnoc et qui est arrivée très en retard à l'entretien parce qu'elle avait eu un problème dans le RER... Il y a enfin le jeune homme aux très grosses lunettes qui m'a raconté sa vie. Toute sa vie. Comment son père l'a abandonné à la naissance, comment la DDASS a décidé de le séparer de sa mère alcoolique, comment il a passé 15 ans en famille d'accueil, comment il souffre d'une grave maladie des yeux qui a failli le rendre aveugle (d'où les très grosses lunettes, si tu suis bien) et comment il est aujourd'hui le seul soutien de sa mère diabétique - mais sobre. Je te jure que je n'invente rien.

Qu'importe ! Tu persévères et bon an mal an, après quelques hauts et d'innombrables bas, tu signes enfin un contrat. A toi les après-midi de boulot ininterrompues et les déjeuners qui s'éternisent, la vie ne sera plus désormais qu'un long fleuve tranquille - te dis-tu, dans ton immense naïveté. Grossière erreur ! Tu viens d'entamer un parcours de rafting en apnée, petit scarabée. D'ailleurs, quand Machinette - appelons-la comme ça pour la commodité du récit - a fait une demande d'ajout Facebook à la maman de la Croquette à 17 h 09 dès le deuxième jour, on aurait dû se douter qu'il y avait une couille dans le potage.

Sans même parler des 7 000 textos qu'elle nous envoyait chaque soir pour poser toutes les questions les plus connes qui lui passaient par la tête : "Je suis perdue, où est le parc ? Le Pois chiche veut enlever ses chaussures, je peux lui mettre ses chaussons ? La Croquette est tombée, elle pleure, que dois-je faire ? Comment allume-t-on la télé ? Ah bon, pas de télé ? Comment allume-t-on la chaîne hi-fi ? Et pour mettre en marche le CD, je fais quoi ? Les enfants vous réclament, vous rentrez bientôt ? Vous aimez la tête de veau ? Et sinon, pensez-vous que la notion de progrès est toujours positive ?" Ah non, pardon ! Ça, c'était l'épreuve de philo au bac... Noyées dans ce flot d'interrogations existentielles, nous avons omis de nous poser LA vraie question. A savoir, où diable trouve-t-elle le temps de garder nos gamins, dans tout ça ?! Eh bien, elle avait tout simplement mis cet aspect-là du poste entre parenthèses.
Et comme la méthode Coué n'a qu'un temps, on a eu beau se répéter en boucle elle-est-bien-tout-va-bien, il a quand même fallu se rendre à l'évidence quand pour la troisième fois, des parents bien intentionnés nous ont signalé que les deux nains étaient livrés à eux-mêmes. Nos relations se sont ensuite rapidement détériorées, jusqu'au jour où le Brun est arrivé au parc plus tôt que prévu et qu'il a passé un bon quart d'heure à jouer avec le Pois chiche et la Croquette dans le bac à sable sans qu'elle lève un instant les yeux de son téléphone. Exit, Machinette.

Je te rassure, depuis on a retrouvé une jeune femme qui a l'air super et que les enfants adorent. Mais quand même, ça m'aura bien fait suer, cette histoire. Je n'ai d'ailleurs pas manqué de m'en plaindre ad nauseam à tous ceux qui avaient le malheur de m'adresser la parole, ces derniers temps.

Et puis, je suis tombée sur Liberté Egalité Maternité, le blog d'une sage-femme qui raconte ses missions humanitaires dans des pays en guerre. C'est parfois drôle, souvent émouvant. Voire bouleversant - comme ICI. Ça m'a - un peu - remis les idées en place.