La Délicatesse, de David Foenkinos
Ah, La Délicatesse... Quelle grosse déception. Je ne sais pas
pourquoi, je m'attendais à autre chose. Peut-être parce que j'en avais
lu beaucoup de bien. Ce n'est pas que je me sois ennuyée, je l'ai même
lu d'une traite. Mais cette femme trop lisse, à laquelle on ne croit pas
un instant, cette accumulation de dialogues un peu creux... Disons que
c'est le genre de livre que t'achètes au Relai H. avant de prendre le
train et que tu donnes une fois arrivée à destination. En même temps, je ne
peux m'en prendre qu'à moi, parce que la quatrième de couverture est
tout à fait représentative du reste du livre.
"François pensa : si elle commande un déca, je me lève et je m'en vais. C'est la boisson la moins conviviale qui soit. Un thé, ce n'est guère mieux. On sent qu'on va passer des dimanches après-midi à regarder la télévision. Ou pire : chez les beaux-parents. Finalement, il se dit qu'un jus, ça serait bien. Oui, un jus, c'est sympathique. C'est convivial et pas trop agressif. On sent la fille douce et équilibrée. Mais quel jus ? Mieux vaut esquiver les grands classiques : évitons la pomme ou l'orange, trop vu. Il faut être un tout petit peu original, sans être toutefois excentrique. La papaye ou la goyave, ça fait peur. Le jus d'abricot, c'est parfait. Si elle choisit ça, je l'épouse... - Je vais prendre un jus... Un jus d'abricot, je crois, répondit Nathalie. Il la regarda comme si elle était une effraction de la réalité."
Des Vents contraires, d'Olivier Adam
J'ai été séduite par ce personnage à vif dont l'existence s'organise en creux, autour d'une mère absente et d'une mer omniprésente. C'est le
premier roman d'Olivier Adam que je lis, mais j'avais énormément aimé
l'adaptation ciné de "Je vais bien, ne t'en fais pas" et je crois que je
vais m'attaquer au reste...
"Sarah a disparu depuis un an, sans
plus jamais faire signe. Pour Paul, son mari, qui vit seul avec leurs
deux jeunes enfants, chaque jour est à réinventer. Il doit lutter avec
sa propre inquiétude et contrer, avec une infinie tendresse, les menaces
qui pèsent sur leurs vies. Épuisé, il espère se ressourcer par la grâce
d'un retour à Saint-Malo, la ville de son enfance."
Waterloo Nécropolis, de Mary Hooper
Waterloo Nécropolis attendait depuis très longtemps dans ma pile de livres à lire. Pour tout te dire, il faisait partie du panier garni gagné cet été chez la
Soupe de l'Espace (mais si
souviens-toi). Je n'arrivais pas à m'y mettre parce que j'ai toujours l'impression - un peu idiote - que la littérature jeunesse, c'est pour les jeunes (ne va pas en conclure que je suis vieille, hein...). Alors que je peux passer des heures dans les rayons de littérature enfantine. Va comprendre, Charles. Bref, j'ai fini par m'y mettre et je ne l'ai pas regretté. L'histoire est assez convenue et tu devines rapidement comment elle va se terminer, mais la description de Londres - en particulier de ses bas fonds - est formidable. Et au cas où les références humanistes de Mary Hooper ne seraient pas assez claires, il y a même une apparition éclair de Dickens en personne. Mais si, comme moi, tu préfères les romans pour jeunes adultes que pour jeunes jeunes (tu me suis toujours ?) et que le Londres du XIXè te fascine, je te conseille les excellents polars d'Anne Perry (surtout la série avec William Monk).
"Londres, 1861. Grace, presque 16 ans, embarque à bord de l'express
funéraire Necropolis, en direction du cimetière de Brockwood, pour y
dire adieu à un être cher.Elle fera là-bas une rencontre
décisive en la personne de Mr et Mrs Unwin, entrepreneurs de pompes
funèbres, qui lui proposent de devenir pleureuse d'enterrement. D'abord
réticente, la jeune fille finit par accepter leur offre, après qu'elle
et sa soeur Lily se retrouvent à la rue. Toutes deux ignorent encore
qu'elles vont devoir faire face aux manigances de cette famille peu
scrupuleuse, prête à tout pour s'emparer d'un mystérieux héritage..."
Les Anonymes, d'R.J. Ellory
Un polar assez complexe, peut-être un peu trop. L'histoire m'a tenue en haleine jusqu'à la fin, mais j'ai trouvé l'écriture moins originale que dans "Seul le silence". Et puis, si t'as vraiment envie de lire des choses sur les magouilles de la CIA pendant la guerre froide, je te conseille d'aller dévorer American Tabloïd, de James Ellroy. Presque le même nom, mais un cran au-dessus quand même.
"Washington. Quatre meurtres. Quatre mode opératoires semblables. Tout
laisse à penser qu’un serial killer est à l’œuvre. Enquête presque
classique pour l’inspecteur Miller. Jusqu’au moment où celui-ci découvre
qu’une des victimes vivait sous une fausse identité, fabriquée de
toutes pièces. Qui était-elle réellement ? Ce qui semblait être une
banale enquête de police prend alors une ampleur toute différente, et va
conduire Miller jusqu’aux secrets les mieux gardés du gouvernement
américain."
Feu de Camp, de Julia Franck
Feu de Camp s'ouvre sur le moment où Nelly et ses enfants passent la frontière pour entrer en Allemagne de l'ouest et c'est une scène magistrale, pour moi la plus réussie de tout le roman. Faute de moyens, la petite famille se retrouve parquée dans un camp de transit où le rêve d'une vie meilleure s'effiloche entre les interrogatoires des services secrets et les mesquineries de cette existence communautaire. Je ne te cache pas que si tu comptais sur Feu de Camp pour illuminer ce mois d'avril tout pourri, c'est mal barré... Personnellement, je l'ai lu par petits morceaux tellement c'est glauque. J'ai trouvé que l'intrigue avait un peu tendance à se perdre sur des chemins de traverse, mais tout ce qui touche au personnage de Nelly est très touchant et juste, et c'est quand même une période passionnante de l'histoire contemporaine. A lire, donc.
"Feu de camp Berlin-Est, fin des années soixante-dix : une jeune femme
dont la beauté classique et la tranquille détermination suscitent
partout la curiosité a obtenu de passer à l’Ouest avec ses deux enfants
Aleksej et Katja. Après avoir affronté les mille et une menaces et
humiliations qu’infligeait la RDA à ces candidats au départ, voici Nelly
Senff au pays de l’abondance et de la liberté. Mais l’Ouest, c’est
d’abord pour les réfugiés la promiscuité d’une chambre partagée avec des
inconnus au camp de Berlin Marienfelde et un avenir incertain. Sans
compter les interrogatoires soupçonneux et sans fin de la CIA."