"C’est pas parce qu’on n’a rien à dire qu’il faut fermer sa gueule."


1.3.11

Il suffirait de presque rien...

Un petit bilan inspiré par son billet.

A vingt ans, j'avais des idées bien arrêtées. Je prenais le train de nuit pour Toulon et j’allais manifester au petit matin contre le FN. Je venais de me faire percer la langue. Je délaissais peu à peu 10 Years After, Jimi et Janis pour le Wu, Gravediggaz et KRS. Je m’habillais en Lady Soul et j’avais des Cortez aux pieds. J’étais la reine incontestée de la grande scène du II. Je pleurais toutes les larmes de mon corps devant Philadelphia. Je découvrais que je n’aimais vraiment pas le ski. Je passais une bonne partie de mes journées à jouer au baby foot chez Doumé. Je partais de chez mes parents pour m’installer dans le Marais avec mon chat schizophrène et mon premier grand amour. Premier geste au réveil, je m’allumais une Marlboro rouge. Je lisais souvent jusqu'au petit matin. De toute façon, je n'étais jamais couchée tôt. Je n’aimais pas le goût de l’alcool, mais je ne disais pas non à la drogue. Je commençais une maîtrise de traduction littéraire sur un livre d’Alice Walker et j’avais peur d’être abandonnée.

16 ans plus tard, j’ai appris à composer. J’arrive même à écouter les gens qui ne pensent pas comme moi. J'ai décidé d'enlever mon piercing le jour où j'en ai avalé une partie pendant mon sommeil, mais je songe à me refaire tatouer, un de ces jours. Je continue à agiter la tête en rythme sur un bon vieux Das EFX, mais à la maison, c’est plutôt jazz et soul. Je bave devant la nouvelle collection Sessün et j’enfile mon slim au chausse-pied tous les matins. Je pleure toujours au cinéma, mais je ne me souviens pas du dernier film que j’ai vu… Je ne suis jamais retournée au ski, je commence à me dire qu’il faudra bien que je réessaye un jour. J’habite dans ce quartier depuis assez longtemps pour tutoyer mon facteur et mon épicier. Mon chat est mort avant que je devienne officiellement traductrice. J’ai rencontré un homme qui m’a donné envie d’arrêter de fumer. Il m'arrive encore, rarement, de m'accrocher à mon livre jusque tard dans la nuit. Mais il m'arrive aussi, souvent, de m'endormir avant minuit. Dernier geste avant de me coucher, je reborde mon fils dans son lit. Si c'est pas le bonheur, ça y ressemble furieusement.



4 commentaires:

  1. Ouais! Exactement!! Si c'est pas le bonheur ça y ressemble... C'est mon premier com chez toi, ton billet m'a touchée...

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  2. Merci de t'être prêtée à ce petit jeu !

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  3. hello première fois (je crois ) que je viens chez toi et bin ton post là bin...jle trouve furieusement émouvant! A bientôt.

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