"C’est pas parce qu’on n’a rien à dire qu’il faut fermer sa gueule."


28.9.12

Passing by...



Le temps me manque pour te narrer ma vie passionnante par le détail, mais je tiens tout de même à partager avec toi une pensée hautement philosophique. Figure-toi que j'ai été privée pendant deux jours de mon précieux, mon joli, ma vie... Et ne va pas croire que je te parle du Pois chiche, hein. Ce serait mal me connaître. Non, c'est mon téléphone qui m'a fait la mauvaise blague de bugger pendant une mise à jour. Et j'ai découvert une chose terrible :

Sans ma pomme, je suis nue comme un ver.

Sur ce, bon week-end.

4.9.12

Rentrée


Pas grand-chose à te raconter sur la rentrée, ça s'est plutôt bien passé. Rien à voir avec les adieux déchirants de la petite section... En arrivant devant l'école, j'ai vu une petite fille se précipiter vers nous les bras grand ouverts en appelant le Pois chiche comme si elle retrouvait son père biologique après l'avoir cherché toute une vie. Le Pois chiche lui-même semblait assez surpris, mais j'ai senti que ça démarrait sous de bons auspices. Ensuite, on est montés à l'étage et là, on a vu la nouvelle maîtresse. Tout à coup, les pères se sont découvert une passion dévorante pour la vie scolaire. Ils se bousculaient autour d'elle en la bombardant de questions. Oui, tu l'auras compris, la maîtresse est une bombe. Je sens qu'il y en a plus d'un qui va soudoyer son môme pendant le week-end pour obtenir son zéro-six...Sitôt entré, le Pois chiche m'a oubliée. Je suis restée un long moment assise sur un banc de 25 cm de haut, les genoux rangés derrière les oreilles, à me demander s'il allait y avoir une distribution de polycopiés, un discours, un strip-tease, que sais-je ? Mais après avoir attendu en vain les premières notes de "You can leave your hat on", j'ai fini par me résoudre à partir dans l'indifférence générale. Le Pois chiche a quand même agité une main nonchalante dans ma direction, avec le regard vague du type qui tente de se remettre un visage familier - "Ne me dites rien, j'ai son nom sur le bout de la langue !" ).

Comme je fais H Y P E R attention à ne pas traumatiser mes neurones après ces 3 semaines de vacances, j'avais prévu une petite séance de ciné avec Elle. Sauf qu'avec tout ça, j'ai raté le coche. Qu'importe ! Dix minutes plus tard, j'étais confortablement installée au café avec ma copine A. pour le débrief de la rentrée. Normal. Ensuite, on a fait le débrief de la soirée aux urgences une veille de rentrée avec sa fille qui s'était planté une écharde dans le pied sur mon parquet à 18 h. Et bien sûr, on a enchaîné sur le débrief des vacances, sur nos mecs, sur nos projets d'avenir, sur notre vision de la vie et sur la paix dans le monde. Bref, de fil en aiguille, on s'est séparées à midi. Comme je me sentais un peu coupable, j'ai mis le cap sur le boulot d'un pas rapide. Et puis, j'ai croisé Francis. Je ne crois pas t'avoir déjà parlé de Francis - qui préfère qu'on l'appelle Six Francs, "parce que 6 francs, ça fait même pas un euro..." C'est un SDF que je vois souvent vers Oberkampf, un vrai personnage. Il mériterait un billet à lui tout seul. Non seulement il est très cultivé, mais en plus il raconte toujours des anecdotes absolument incroyables. Comme cette nuit où il était tranquillement en train de se rouler un joint avenue Montaigne quand un couple s'est arrêté devant lui, intrigué par la canne à pêche qu'il avait à la main. Après leur avoir expliqué qu'elle lui servait à ferrer les passants généreux, Six Francs a lancé au type : "Et cette guitare que t'as en bandoulière, tu sais en jouer ou c'est pour la frime ?" La femme a traduit en anglais, l'homme a retiré sa guitare, il s'est assis sur un banc et il s'est mis à jouer. Six Francs a senti que ça le prenait aux tripes et très vite, il a vu des gens s'approcher les yeux écarquillés et le stylo à la main. C'était Bruce Springsteen (qui lui a quand même allongé 500 dollars, on a la classe ou on l'a pas !).

Et sinon, entre deux citations de Gibran, Six Francs m'a demandé : "Tu sais pourquoi Dieu nous a donné deux yeux et deux oreilles, mais une seule bouche ? Parce qu'il faut écouter et regarder deux fois plus qu'on ne parle." Moi je dis, heureusement qu'il m'a aussi donné VINGT doigts pour te raconter ma vie ici !

7.8.12

Blonde !


Ce matin, tout en commençant à faire ma valise dans ma tête [Petite digression : t'as remarqué que la préparation mentale de la valise est un concept exclusivement féminin ? La technique du Brun consiste plutôt à jeter dans le sac trois fringues choisies au petit bonheur la chance cinq minutes avant le départ - ce qui a le don de me rendre totalement hystérique. D'ailleurs les départs en général ont le don de me rendre hystérique. Et ça se lit en couches géologiques dans ma valise : d'abord un savant agencement de vêtements bien pliés ; puis un fouillis organisé de livres, de carnet de santé, de crèmes et de différents chargeurs ; et enfin, sur le dessus, un amas sauvage d'éléments rajoutés à la dernière minute "parce qu'il restait de la place". Ça peut aller d'un tee-shirt que je n'ai pas mis depuis ma dernière soirée au Palace - attends, t'as pas entendu parler du grand retour des 90's ? - à un bonnet pour le Pois chiche - tu sais qu'il peut faire hyper froid, à la mer ?! - en passant par une boîte d'Actron périmés, au cas où j'aurais la gueule de bois - je pars avec le nain, mais je suis optimiste. Je t'ai dit que les départs me rendaient hystériques ?] Donc, me disais-je, tout en préparant mentalement ma valise, avec ma nouvelle blondeur, ma taille de guêpe africaine et mon trikini qui pique les yeux, il ne me manque plus qu'une bouée rouge pour me la jouer jouer dans Alerte à Malibu...
Ah oui, c'est vrai que t'es pas au courant ! Je suis passée du côté blond de la force. J'ai même fait un tie-and-dye, si tu veux tout savoir. Je me suis assise dans un fauteuil massant et j'ai fermé les yeux et crispé très fort les orteils pendant que la coiffeuse alsacienne s'indignait en me parlant des gens qui pensent que Strasbourg est en Allemagne. J'avais envie de lui dire : "Ah bon, c'est pas en Allemagne ?" Mais j'ai pas osé, rapport au fait qu'elle tenait ma chevelure en otage et qu'elle n'avait pas l'air d'avoir le même humour que moi. D'après internet, le tie-and-dye, c'est "un balayage avec un effet de racines très profond. On laisse la demi-tête supérieure au naturel et on éclaircit le reste de la chevelure comme si on était allée au soleil." Et le plus génial, comme je l'ai expliqué au Brun en arrivant à la maison, c'est qu'il n'y a pas de racines quand ça repousse ! "Normal, m'a-t-il répondu, puisque tu as déjà des racines en sortant de chez le coiffeur."
Pour plus de précision, je devrais plutôt dire que je suis à moitié blonde. Ou encore que je suis brune de la demi-tête supérieure, si tu veux. Mais maintenant que j'y pense, dans Alerte à Malibu, il n'y avait pas tellement de brunes de la demi-tête supérieure ? Enfer et damnation ! Enfin, il me reste toujours une silhouette svelte à contempler dans les pupilles énamourées de mon Brun... Ah, on me signale dans l'oreillette qu'après avoir dîné au resto tous les soirs pendant les quinze jours que le Pois chiche a passé chez sa grand-mère et alors que je m'apprête à engloutir des quantités indécentes de pasteis de nata, de jambon fumé, d'arroz doce et de sardines grillées, je peux dire adieu au trikini. En même temps, c'est pas plus mal parce qu'à chaque fois que je lève les bras, je passe en mode topless. C'est utile sur la plage, mais ça peut s'avérer embarrassant quand t'amènes ton gosse à la piscine publique du coin.

Bref, tout ça pour te dire que je pars au Portugal avec mon nain sous le bras et en abandonnant lâchement le Brun-qui-n'aimait-pas-les-vacances à Paris. Alors à dans dix jours !
Comme disent les Rosbifs : "Be good.  And if you can't be good, have fun!"

25.7.12

Vacances #1



Il y a eu un long voyage en voiture, les premiers "Quand est-ce qu'on arrive ? C'est long, 5 heures ? Et maintenant, on est bientôt arrivés ?" du Pois chiche, l'embouteillage à Salbris, les chips et les cookies au chocolat jusqu'à écœurement pour faire passer le temps, la magie irisée d'un gigantesque arc-en-ciel qui n'en finissait plus de se déployer sous nos yeux, le jour qui décline et les copains qui nous attendent devant la maison ; il y a eu un étage entier sous les toits juste pour nous trois et un lit si grand que le Pois chiche semblait minuscule dedans, le bruit de ses pas et Jude-le-singe qui tintinnabule quand il vient nous rejoindre le matin ; il y a eu la première baignade de l'année, l'odeur de la crème solaire, les petites fesses nues du Pois chiche, ses côtes saillantes et ses bras que les brassards oranges écartent du corps, ses lèvres bleues quand il me soutenait en grelottant qu'il n'avait pas froid du tout ; il y a eu les apéros face au soleil couchant, la trompette de l'un, la guitare de l'autre, les enfants qu'on fait danser dans la lumière bleutée ; il y a eu les dîners pantagruéliques, les gambas au pastis, la fameuse sauce au gingembre, le carpaccio de courgettes, la saucisse de Toulouse, le chocolat au caramel au beurre salé, l'alcool de prune qu'ils buvaient comme du petit-lait et le citrate de bétaïne le lendemain ; il y a eu les parties de Uno, eux qui braillent et moi blottie dans un fauteuil avec le Gaza de Joe Sacco, trop prenant pour me laisser distraire par la vision fugitive du Brun cachant des cartes sous ses fesses ; il y a eu la fête foraine, la pêche aux canards, le mauvais vin rouge, la barbapapa, le Pois chiche serrant un Spiderman gonflable sur son cœur, un vide-grenier avec des Playmobiles ; il y a eu des nuages et même quelques gouttes de pluie, des humeurs fluctuantes, des siestes dans le hamac, une cabane dans un arbre, un vent propice au cerf-volant ; il y a eu la voiture à nouveau, la voix d'Amy Winehouse, un sandwich et un café sur une aire d'autoroute et puis voilà, on était de retour à Paris.


5.7.12

Ink


Je te le disais hier, je passe une bonne partie de mes journées à scruter le net à la recherche du tatoueur de mes rêves... Et tu peux me croire, il y en a vraiment des qui ont du talent. Bon, d'accord, le cygne en travers du torse (dont je n'ai pas retrouvé l'auteur), je ne suis pas sûre de l'assumer. Moi, je suis une rebelle pas énervée, tu vois. Je m'imagine plutôt avec des oiseaux et des fleurs. Sauf que 1) je voudrais quelqu'un qui me fasse le dessin lui-même et 2) ceux qui me plaisent sont souvent trop loin (David Hale et Jeff Gogue sont américains, par exemple).

David Hale



Jeff Gogue

Mais tu sais ce qu'on dit : il n'y a pas de problèmes, il n'y a que des solutions. C'est pourquoi, décidée à joindre l'utile à l'agréable, je me suis mis en tête de me faire tatouer par Peter Aurisch, un... Berlinois. Reste plus qu'à le convaincre (et à vendre un rein pendant les vacances, accessoirement).

Peter Aurisch
Peter Aurisch

Peter Aurisch

Tu lis ça le Brun ? Tu peux commencer à réviser tes déclinaisons allemandes, gniark gniark...

4.7.12

chapter two


Assieds-toi, ça va te faire un choc : figure-toi que pour une fois, je ne viens pas me plaindre... Je sais, on a peine à y croire. L'effet juillet, je vois que ça. Après avoir passé tout le mois de juin à râler contre la météo et le temps qui passe trop vite, je profite doucement des derniers jours de l'année scolaire pour anticiper avec un plaisir coupable sur les vacances. Comprendre : je repars un jour sur deux du bureau entre 14 h et 15 h 30 pour satisfaire à des obligations vitales, comme de passer l'après-midi à me faire masser le crâne chez le coiffeur. Et quand, par un malheureux concours de circonstances, je m'attarde devant mon écran, c'est pour chercher un tatoueur digne de ce nom. Heureusement, je suis clairement la chouchoute de la boss...
Du coup, je m'offre une deuxième jeunesse. Le week-end dernier, le Pois chiche est parti passer deux jours chez sa grand-mère, à la campagne. J'en ai d'abord profité pour aller voir un vieux groupe de rap français qui chantait ça au début du siècle.  J'avais pas fait de concert de rap depuis une bonne dizaine d'années et j'étais entourée de nostalgiques à la trentaine bien tassée. Je me suis sentie un peu vieille, hein. Mais c'était plutôt marrant. Ensuite, j'ai rejoint le Brun et ses copains menuisiers et on a passé le reste de la nuit à refaire le monde en discutant des mérites comparés de l'anarchie et de la démocratie.


Décidée à poursuivre sur cette belle lancée, je suis allée dîner lundi soir avec N. L'amie avec qui tu t'étrangles sur le grogue cap-verdien. L'amie des pâtes all'arrabiata de 6 h du mat. Celle avec qui tu passes du rire aux larmes. Celle qui est là le jour où le Brun rappelle parce qu'il veut te revoir. La première à qui tu dis : "Je suis enceinte !" Celle qui croit en toi parfois mieux que toi-même. Après un dîner bien arrosé, clôturé comme souvent par une grande déclaration d'amour réciproque à une heure pas très raisonnable, je suis rentrée à la maison sous une lune qui semblait tout droit sortie d'un film de loup-garou. Forte de mon expérience de la semaine dernière, je me suis discrètement faufilée dans le lit et je n'ai SURTOUT PAS ouvert la bouche, gardant pour moi mon estomac chaviré, mon haleine avinée et ma voix de Sue Ellen. Enfin hier, j'ai emmené mon Brun voir le concert des Zoufris Maracas à la Bellevilloise. Il nous a fallu un petit moment pour nous adapter à la température tropicale du lieu, mais j'ai fini par accepter l'idée de me fondre LITTÉRALEMENT dans le décor. La soirée était dédiée aux artistes du label Chapter Two et il y avait donc aussi Winston McAnuff avec Fixi, de Java. Winston n'a pas failli à son surnom d'Electric Dread, il s'est démené comme s'il était en transe, je dégoulinais rien que de le regarder... A chaque fois que je le vois en live, je me dis qu'un de ces quatre, il va nous faire un infarctus sur scène. Les Zoufris aussi avaient bien la patate, dans un autre style. On est ressortis de là moulus, avec le sourire collé aux lèvres, heureux de cette sortie en amoureux.


Bon, c'est pas tout ça, mais faut que je te laisse... J'ai un rendez-vous hyper important chez l'esthéticienne.

28.6.12

Destinée


 Tu y crois, toi, aux signes du destin ? Moi pas. Mais figure-toi que lundi, je suis passée faire des courses chez Monop' et à la faveur d'un instant de faiblesse, j'ai commencé à dériver vers le rayon des fringues pour enfants. Le truc potentiellement dangereux, tu vois. Tu entres pour acheter deux escalopes de poulet et tu ressors avec trois ticheurtes, un sac de plage, deux shorts, un Tan's et un bob. Et en arrivant chez toi, tu te rends compte que t'as oublié le poulet. Lundi donc, j'avais déjà une paire de petites tennis dans les mains et je m'apprêtais à mettre à mal mon portefeuille, quand une vieille dame s'est approchée de moi et m'a chuchoté en jetant des regards suspicieux aux alentours : "Ne prenez rien ! Les soldes sont dans deux jours !" Comme je me sentais coupable, j'ai essayé de me justifier : "Mais y en aura plus !" Bien sûr, tout le monde attend les soldes pour se jeter sur des tennis à 8 euros... Mais QUI crois-tu convaincre, Mme Clakpognon ? "Dans deux jours." a insisté la dame, d'une voix mystérieuse, avant de disparaître dans les rayons. J'ai continué à me promener avec mes tennis à la main, l'esprit ailleurs... Et soudain, elle a surgi devant moi : "N'oubliez pas ! DANS DEUX JOURS !" J'ai bien failli faire un infarctus au milieu des slips Petit Bateau. Le coeur battant, j'ai couru reposer les chaussures à leur place et je suis partie sans me retourner.

Deux jours plus tard, après moult tergiversations, j'entreprends de valider un panier exorbitant sur le site de La Redoute. Et là, c'est le drame. Nous sommes au premier jour des soldes et j'ai atteint ma limite autorisée de télépaiement pour le mois de juin. Si ÇA, c'est pas un signe, je veux bien aller danser le tango à claquette chez les Papous. Quand même, quand le destin s'adresse ainsi à toi, tu ne peux pas te contenter de l'ignorer.

Voilà pourquoi je suis retournée acheter les tennis ce matin