"C’est pas parce qu’on n’a rien à dire qu’il faut fermer sa gueule."


14.6.12

Créa'tif


 En ce moment, je suis en pleine effervescence... Je crée, je crée, je crée. C'est bien simple, on ne m'arrête plus. Par contre, je dois reconnaître que je reste assez lente, créativement parlant. Pour tout te dire, la dernière fois que je me suis lancée dans un pull pour le Pois chiche, à l'époque où il mesurait moins d'un mètre les bras en l'air, ça a fini... Ben, ça n'a pas fini, en fait. Il m'attend toujours sagement dans son petit sac (le tricot, pas le Pois chiche), accroché à la poignée de la porte du salon. Précisons tout de même qu'à côté de mes aiguilles, un coton-tige a des faux airs de Rocco Siffredi. Je suppute hein : tu imagines bien que je n'ai jamais vu le membre de Rocco Siffredi... Ou alors uniquement à l'époque où j'avais une carte noos piratée qui me donnait accès à TOUTES les chaînes câblées. Je t'ai déjà parlé de la version porno d'Olive et Popeye ? Un grand moment de télévision. Mais je m'égare. Le fond du problème, c'est surtout que si je sais - à peu près - tricoter, je ne sais pas du tout DÉ-tricoter. A la moindre erreur, je suis bloquée. Soit j'apporte le schmilblick à ma mère et je fais semblant de ne pas voir quand elle reprend les trous en douce, soit je laisse tomber. Généralement, je laisse tomber.


Mais figure-toi que la semaine dernière, j'ai été invitée pour la première fois de ma vie à un tricothé (je te laisse visualiser la tête du Brun quand je lui ai annoncé que j'allais passer l'après-midi à boire du thé avec des filles et qu'on allait toutes tricoter de concert... Je crois que c'est uniquement la longue expérience que j'ai acquise sur le câble qui m'a permis de sauver notre couple). Au départ, j'avais prévu de venir avec mon bracelet brésilien. Ah, je t'ai pas dit que je m'étais remise aux bracelets brésiliens ? Je crée, je crée, tu vois. Et puis et puis... Peur du ridicule ? Envie de me dépasser ? Émulation ? Nul ne le saura jamais, mais j'ai replongé. Sauf que cette fois-ci, je tricote avec des GROSSES aiguilles. Et de la GROSSE laine. Au point mousse. Et toujours pour le Pois chiche. J'ai donc bon espoir de te mettre une photo pour Noël.

Bon, je m'éparpille complètement. Parce qu'à la base, ce que je voulais, c'était te parler de mes tifs. Après avoir longuement compilé toutes sortes de tresses ultra-sophistiquées sur Pinterest, je me suis enfin lancée dans les travaux pratiques. Avant-hier soir, on a retrouvé des copains au resto, mais je crois bien que j'ai passé ma soirée aux toilettes à admirer ma coiffure. Jusqu'au moment où je me suis rendu compte que mon voisin de table était un dealer de veuch. Oui, oui, tu as bien lu. Il gagnait sa vie en achetant et en vendant des cheveux. Crois-moi si tu veux, mais le commerce des extensions est un métier à haut risque. Le trafic de diamants, à côté, c'est du pipi de chat. J'ai découvert que le mec s'était fait BRAQUER en Amérique du Sud parce qu'il avait essayé d'acheter des cheveux sans passer par ses intermédiaires habituels. JE TE JURE que je n'invente rien. Un vrai pro : il m'a jaugée d'un simple coup d'oeil : "Mouais... Le cheveu est pas mal, il y a une belle masse. Mais c'est sec, tout ça. Tu n'entretiens pas assez." Il m'a même confié LE secret du cheveu. Et comme je suis pas chienne, je veux bien partager. Tu misais tout sur l'alimentation, la brosse ou l'après-shampoing ? Que nenni, malheureuse ! Le secret du cheveux, c'est l'eau. Lave-toi la tête à l'eau minérale et ta toison sera aussi soyeuse que celle de Lassie. Ne me remercie pas, c'est cadeau.



PS : toi qui as débarqué ici en tapant "membre", "rocco siffredi", "chienne" et "toison soyeuse" sur googeul, ne sois pas trop déçu. La prochaine fois, je te raconterai Olive et Popeye...

11.6.12

Un ami dans ton assiette


 A la maison, le repas du Pois chiche a longtemps été un cas de casus belli. A l'époque, mon univers tout entier tournait autour du nombre de cuillerées que je parvenais à lui faire ingurgiter. "Un enfant ne se laissera jamais mourir de faim." Si tu savais combien de fois je me suis promis de planter mes ongles dans les yeux pétris de certitude du prochain qui me sortirait cette phrase maudite ! Hélas, les bonnes manières ont la vie dure et je n'ai jamais émis la moindre petite insulte de rien du tout, pas même un minuscule "Ferme ton bouche !" qui m'aurait pourtant bien soulagée... Parce que oui, je sais, beaucoup d'enfants passent par une phase de rejet de la nourriture généralement transitoire. Oui, je sais, il ne faut SURTOUT pas s'énerver, malheureuse ! Sinon, il sera anorexique à 13 ans et obèse à 28. Je sais, je sais, je sais tout ça. Moi aussi, j'ai lu Laurence Pernoud - et pas en résumé dans "L'éducation pour les Nuls", hein. Le texte original, s'il te plaît.

Mais il n'y a RIEN de plus culpabilisant que de ne pas réussir à nourrir son gosse. Enfin si, il y a encore plus culpabilisant que de ne pas réussir à nourrir son gosse : ne pas réussir à nourrir son gosse ET lui hurler dessus. En vain. Le Brun essayait de me raisonner et je savais qu'il avait raison, mais c'était plus fort que moi. D'ailleurs, le Pois chiche voulait systématiquement que ce soit moi qui le fasse manger. Et les rares fois où je me résignais péniblement à ne pas m'en mêler, je ne pouvais pas m'empêcher de leur rôder autour pendant tout le repas, prête à disjoncter. Ça a duré comme ça pendant plusieurs mois. Le nain se nourrissait exclusivement de yoghourts. Alors OK, il n'est pas mort de faim, mais il a dû prendre 1 kg en un an. Ça va qu'il avait un triple menton de la marge, parce qu'il est passé du sommet de la courbe au ras des pâquerettes. A la crèche, ils ont fini par me conseiller de l'emmener voir la psychologue. Pourtant, tu peux me croire, j'ai tout essayé : le pire comme le meilleur. J'ai fait l'avion, j'ai crié, j'ai cajolé, j'ai menacé de le priver de dessert, j'ai crié, j'ai servi des pâtes à tous les repas, ouvre le garage, j'ai supplié, j'ai crié, j'ai concocté des oeuvres d'art dans l'assiette, j'ai crié, j'ai fait la moto, j'ai raconté des histoires, j'ai tempêté, j'ai crié, j'ai crié, j'ai crié... Je sens que tu vois où je veux en venir là, non ? Mais moi, ça m'a pris un petit bout de temps. J'ai eu le déclic un soir où je me suis retrouvée assise sur le canapé, en larmes, après l'avoir couché pour la seule et unique fois de sa vie sans histoire, sans chanson, sans bisou, sans rien du tout. Et le ventre vide.

Alors j'ai arrêté de crier. C'était à la fois tout simple et incroyablement difficile... Le lendemain, quand le Pois chiche a - comme d'habitude - repoussé l'assiette de la main avec un "Non !" sans appel, j'ai juste dit : "D'accord." Stupéfaction de l'enfant. J'ai enfin réalisé à quel point le repas était devenu un rapport de forces entre nous deux. Il a insisté, très contrarié : "Non, maman ! Non !" Au cas où j'aurais mal entendu sa déclaration de guerre quotidienne. "D'accord, tu n'en veux pas. C'est pas grave, on va passer au dessert." Et puis voilà, c'était fini.

Il a recommencé à manger petit à petit. On ne peut pas dire qu'il a un appétit d'ogre, mais il goûte tout ce qu'on lui donne. Et quand il n'en veut plus, il arrête. Tout ça pour dire que si j'habille notre ami de l'assiette, c'est surtout pour toi. Parce que lui, en vrai, il n'en a strictement rien à battre...


La participation du Brun, mon idole...

PS : Billet inspiré par cette photo chez Céline - qui est nettement plus inventive que moi, je dois dire.
PS2 :  Si tu veux t'amuser aussi, tu peux acheter l'assiette Food Face .

6.6.12

A mon ancien maître


















 [J'ai découvert récemment Letters of Note, un blog qui, comme son nom l'indique, publie des lettres exceptionnelles. Certaines ont été écrites par des gens connus, d'autres par des gens qui ne l'étaient pas encore et d'autres encore par des inconnus. Parfois elles me touchent, parfois elles me font rire. Le billet qui suit et que j'ai traduit dans son intégralité est le premier sur lequel je suis tombée. Depuis, je suis fan. 
Et si tu es Mexicaine et que tu t'appelles Agnès, je tiens à te signaler que la dernière lettre publiée est de Patty Smith...]

En août 1865, un colonel P.H. Anderson, de Big Spring, dans le Tennessee, écrivit à son ancien esclave, Jourdon Anderson,  pour l’inviter à revenir travailler sur sa ferme. Jourdon – qui, depuis son émancipation, était parti dans l’Ohio, avait trouvé un emploi salarié et subvenait désormais aux besoins de sa famille – lui fit une réponse remarquable dans la lettre ci-dessous (et qu’il avait, d’après les journauxde l’époque, dictée.)

Plutôt que de souligner les nombreux passages savoureux, je me contenterai de vous laisser apprécier la lettre. Assurez-vous de la lire jusqu’au bout.

EDIT : Allez voir chez Kottke pour découvrir brièvement ce qu’il est advenu de Jourdon et de sa famille par la suite.

(Source : The Freedmen’s Book. Image : Un groupe d'esclaves en fuite en Virginie en 1862, avec l'aimable autorisation de la Bibliothèque du Congrès américain)

Dayton, Ohio,

7 Août 1865

A mon ancien maître, le colonel P.H. Anderson, Big Spring, Tennessee

Monsieur : j’ai reçu votre lettre et j’ai découvert avec plaisir que vous n’aviez pas oublié Jourdon et que vous vouliez que je revienne vivre avec vous, promettant que vous pouviez faire plus pour moi que n’importe qui d’autre. J’ai souvent pensé à vous avec gêne. Je croyais que les Yankees vous avaient pendu il y a bien longtemps après avoir découvert que vous aviez caché des rebelles chez vous. J’imagine qu’ils n’ont jamais rien su de votre virée chez le colonel Martin pour tuer ce soldat de l’Union que sa compagnie avait laissé dans leur étable. Bien que vous m’ayez tiré dessus à deux reprises avant que je vous quitte, je ne vous souhaitais pas d’être blessé et je suis heureux de vous savoir toujours en vie. Ce serait bien de retourner dans notre chère vieille maison et de revoir Mlle Mary et Mlle Martha, Allen, Esther, Green et Lee. Transmettez-leur à tous mes amitiés et dites-leur que nous nous reverrons dans un monde meilleur, sinon dans celui-ci. J’aurais aimé revenir vous voir tous quand je travaillais à l’hôpital de Nashville, mais un voisin m’a dit qu’Henry était décidé à m’abattre s’il en avait l’occasion.

Je veux savoir en quoi consiste exactement la bonne proposition que vous me faites. Je m’en sors raisonnablement bien, ici. Je gagne vingt-cinq dollars par mois, avec la nourriture et les vêtements ; j’ai une maison confortable pour Mandy, - les gens d’ici l’appellent Mme Anderson – et les enfants – Milly, Jane et Grundy – vont à l’école et travaillent bien. L'instituteur dit que Grundy ferait un bon prédicateur. Ils vont à l’école du dimanche et Mandy et moi, nous allons régulièrement à la messe. On nous traite décemment. On entend parfois dire : « Ces gens de couleurs étaient esclaves là-bas, dans le Tennessee. » Les enfants se sentent blessés par ce genre de propos, mais je leur réponds que ce n’était pas une honte dans le Tennessee d’appartenir au colonel Anderson. Beaucoup de moricauds auraient été fiers, comme je l’étais, de vous appeler maître. Maintenant, si vous m’écriviez pour me préciser quelle rémunération vous envisagez de me donner, je serais plus à même de décider s’il est dans mon intérêt de revenir.

Quant à ma liberté, dont vous dites que je peux l’avoir, il n’y a rien à gagner de ce côté, puisque j’ai obtenu mon titre d’affranchissement en 1864, de la main du maréchal prévôt de Nashville. Mandy proteste qu’elle aurait peur de revenir sans avoir la preuve que vous nous traiterez de façon équitable et décente ; nous avons donc convenu d’éprouver votre sincérité en vous demandant de nous envoyer nos gains pour la période pendant laquelle nous vous avons servi. Cela nous permettra de solder les vieux comptes et de nous fier à votre équité et votre amitié à l’avenir. Je vous ai servi fidèlement pendant trente-deux ans, et Mandy pendant vingt ans. A vingt-cinq dollars par mois pour moi et deux dollars par semaine pour Mandy, nos émoluments s’élèvent à onze mille six cent quatre-vingts dollars. Ajoutez à cela les intérêts pour tout le temps où vous avez retenu nos gains et déduisez ce que vous ont coûté nos vêtements, ainsi que les trois visites du docteur pour moi et la dent arrachée de Mandy, et la différence vous dira ce à quoi nous avons droit en toute justice. Merci d’envoyer l’argent par Adams Express, aux bons soins de Monsieur V. Winters, Dayton, Ohio. Si vous ne nous payez pas les loyaux services passés, nous ne pourrons avoir qu’une confiance réduite dans vos promesses pour l’avenir. Nous sommes sûrs que le Créateur vous a ouvert les yeux sur le tort que vous et vos ancêtres nous avez fait, à moi et à mes ancêtres, en nous forçant à trimer pendant des générations sans la moindre récompense. Ici, je touche ma paie chaque samedi soir, mais dans le Tennessee, il n’y avait jamais de jour de paie pour les nègres, pas plus que pour les chevaux et les vaches. Le jour du jugement viendra sûrement pour celui qui prive le travailleur de ses droits.

Lorsque vous répondrez à cette lettre, merci de nous dire si ma Milly et de ma Jane seront en sécurité, car ce sont maintenant deux grandes et jolies jeunes filles. Vous savez comment ça s’est passé pour la pauvre Matilda et la pauvre Catherine. Je préfèrerais encore rester ici la faim au ventre – et même mourir, s’il le faut – plutôt que de voir mes filles exposées à la honte par la violence et la cruauté de leurs jeunes maîtres. Merci aussi de nous indiquer s’il y a des écoles ouvertes aux enfants de couleur près de chez vous. Mon plus grand désir aujourd’hui, c’est que mes enfants soient instruits et qu’ils développent de saines habitudes.

Dites bonjour à George Carter et remerciez-le de vous avoir ôté le pistolet des mains quand vous me tiriez dessus.

Votre ancien serviteur,

Jourdon Anderson
                                                                                                                             

4.6.12

Solution



Avant de mettre fin à ce suspense insoutenable - et je pèse mes mots - je tiens à te féliciter sans réserve. Enfin si, tout de même quelques réserves. Je ne citerai pas ton nom pour pas casser l'ambiance, mais si tu as évoqué un poux, un sarkocyclope, Buzz l'éclair ou tout autre monstre à la silhouette disgracieuse, pire encore si tu as émis l'idée que je serais vieille un jour, sache que j'ai noté ton nom dans mon petit carnet noir... J'dis ça j'dis rien.

Après cette brève mise au point, il s'agissait bien d'un portrait ma foi fort réussi de moi-même (la ressemblance avec Amélie Mauresmo est flagrante, non ?). Et je dois avouer que tu as largement prouvé tes talents de critique artistique, puisque non seulement tu m'as reconnue, mais tu as aussi noté la posture gracieuse de mes pieds et même discerné mes grands cheveux dressés en l'air : c'est vrai, il est temps que j'aille chez le coiffeur. Tout pourrait donc aller pour le mieux dans le meilleur des mondes. Hélas, me voilà dans l'obligation de mettre un bémol à cet éloge dithyrambique de ton sens de l'esthétisme. En effet, point de grande bouche ni de sac à main, mais bien plutôt... un bébé. Cardamone, soit tu as un super pouvoir, soit tu ES le Pois chiche ! Je ne vois pas d'autre explication. De toute façon, surtout, SURTOUT, ne me félicite pas. Car la triste vérité, c'est que dans mon ventre, il y a juste... du ventre.

Bref, je me suis mise au régime.*


 * Un régime DRA-CO-NIEN, comme La Blonde (t'as vu ces BO mortelles qu'elle s'est faites ?!) pourra en témoigner qui m'a vue résister à la carte ultra appétissante de la Chambre aux oiseaux, un endroit charmant sur les bords du Canal St Martin. Et j'ai même réussi à faire la fête jusqu'au bout de la nuit ce week-end sans boire une goutte d'alcool. C'est peut-être un détail pour toi, mais pour moi, ça veut dire beaucoup... Enfin, ça veut surtout dire que j'avais pas la gueule de bois le lendemain. Et ça, c'est appréciable.

1.6.12

Devinette



Le Pois chiche est assez monomaniaque, dans son genre. En gros, hors les figurines et les livres, point de salut. Tout le reste l'occupe rarement plus d'un (très) court instant. Mais il arrive quand même, en de rares occasions, quand je le menace de l'enfermer dans le placard, qu'il condescende à s'emparer d'un crayon et d'une feuille pour laisser libre cours à sa créativité. Et depuis quelques semaines, il commence en particulier à faire des bonshommes qui m'éclatent.

Aujourd'hui, j'ai décidé de tester ton sens artistique. Sauras-tu deviner ce que représente le chef-d’œuvre ci-dessus ? Si tu trouves la bonne réponse, tu gagnes... rien, en fait. Ou plutôt si, tu gagnes le droit de te vanter d'avoir été le premier à pressentir son talent une fois qu'il sera devenu riche et célèbre. Car dans ce monde bassement matérialiste, le sens artistique est une qualité qui se perd, ma bonne dame.

Ah oui et puis aussi, tu pourras venir faire un petit plongeon dans notre piscine olympique, au fond du jardin, à droite après le cours de tennis, derrière la maison que m'aura acheté mon fils en vendant son premier tableau. Mais je m'égare... A toi de jouer.

30.5.12

Les aventuriers


Contrairement à ce qu'on pourrait croire, habiter dans le Marais a aussi des inconvénients, dont le moindre n'est pas le rétrécissement progressif de ton univers. Après tout, pourquoi se déplacer quand le monde est à portée de main, avec ses musées, ses cafés, ses parcs et ses magasins ouverts le dimanche ? Alors tu vis tranquillement ta vie dans un mouchoir de poche, jusqu'au jour où tu finis par prendre une gourde et une lampe frontale pour passer l'après-midi à la Villette. Alors que chacun sait qu'il suffit d'un sac banane et de quelques travellers chèques pour voyager l'esprit tranquille.


Mais dimanche matin, prise de nostalgie au souvenir de l'époque où je prenais encore le RER parce que j'étais trop une ouf dans ma tête, j'ai décidé de laisser parler le Crocodile Dundee qui sommeille en moi et j'ai entraîné mon Brun et mon Pois chiche... au musée du quai Branly. C'était la première fois qu'on y allait et malgré une expérience assez pénible au café - i.e. deux heures d'attente pour manger une mauvaise salade à 17 euros - j'ai adoré cet endroit ! L'idée, c'était de commencer par Les Maîtres du désordre, une exposition temporaire sur le désordre du monde et les tentatives humaines pour le réguler. Jusqu'à ce qu'un gardien m'annonce que c'était déconseillé aux moins de dix ans. Alors on a hésité. Jusqu'à ce que le type qui vendait les billets m'affirme qu'on pouvait très bien éviter les quelques œuvres susceptibles de choquer les enfants. Alors on s'est réjouis. Jusqu'à ce que la jeune fille à l'entrée de l'expo se récrie que c'était déconseillé aux moins de 14 ans. Alors... dites les gars, vous pourriez vous mettre d'accord, là ?!
Bref, on a renoncé à voir les Maîtres du désordre et on s'est dirigés vers la collection permanente. Verdict : tout est magnifique et la scénographie est parfaite ! Sache juste que c'est gigantesque. Le Pois chiche a tenu une bonne heure et on est loin d'avoir tout vu. Il est vrai qu'on a passé un long moment à s'extasier devant une espèce de grande pyramide humaine... jusqu'à ce que je réalise que la plupart des personnages étaient VRAIMENT très bien membrés et se témoignaient leur amitié dans les fesses. Bon le nain, et si on allait plutôt voir ces jolies têtes de mort ?

Pour achever en beauté notre parcours touristique, on est passés sous la tour Eiffel et on a admiré la vue en haut du Trocadéro. Et c'était bien.

Allez, c'est décidé : la prochaine fois je tente un arrondissement à deux chiffres.

25.5.12

Diagnostic différentiel


 Tu l'auras peut-être remarqué, mais ces derniers temps, je brille par mon absence virtuelle. Je pourrais t'expliquer que la jeune fille qui va chercher le Pois chiche à l'école m'a annoncé un jeudi qu'elle partait à l'étranger le lundi suivant et qu'elle n'avait pas encore pris son billet retour ; que je cours depuis un mois entre l'école, le bureau, le supermarché, l'école et la maison ; que je rêve de passer quinze jours d'affilée dans mon lit ; que non contente d'avoir travaillé tous les jours fériés de cette saleté de mois de mai, j'ai dû jongler entre les grands-mères, les sœurs, les amis et les inconnus recrutés au hasard dans la rue pour caser le nain... Bref, je pourrais te faire pleurer des rivières de larmes dans ta chaumière.
 Mais qu'il me suffise de t'annoncer que j'ai une sciatique.

Et comme dit mon père, la sciatique, c'est quand on en a plein le cul. CQFD.