"C’est pas parce qu’on n’a rien à dire qu’il faut fermer sa gueule."


21.9.11

Cinémascope



"La Guerre est déclarée" de Valérie Donzelli : Roméo et Juliette sont jeunes, amoureux et insouciants. Leur vie bascule le jour où ils découvrent que leur fils Adam a une tumeur au cerveau. Ensemble, ils vont livrer bataille contre la maladie.


Quand j'ai décidé d'aller au cinéma la semaine dernière, je savais à quoi m'attendre. J'avais un paquet de kleenex dans la poche et je m'étais résignée à l'idée de verser des larmes de crocodile. Pour te dire la vérité, je m'en voulais un peu d'avoir choisi ce film. J'avais peur de me coltiner un mélodrame avec moult plans fixes sur des visages tordus de douleurs et des violons lancinants en musique de fond. Mais bon, les critiques étaient bonnes et mon amie J. tenait à le voir.
Précisons, pour remettre les choses dans leur contexte, que l'auteur de ce billet a un jour baigné de larmes le canapé familial devant un épisode particulièrement émouvant de Starsky & Hutch (Mais si, celui où la copine de Starsky meurt quinze jours avant Noël et quand ils ouvrent les cadeaux qu'elle a laissés, Hutch découvre une lettre dans laquelle elle lui demande de prendre soin de Starsky. Même qu'ils ont tellement les boules qu'ils quittent la police... Oh là là, ce qu'il était triste, cet épisode. Attends, je vais me moucher et je reviens). Tu l'auras compris, je suis un peu une mauviette de la comédie dramatique et je mentirais si je te disais que je n'ai pas pleuré.
Oui, mais j'ai ri aussi. Et même très franchement."La Guerre est déclarée" ne tombe à aucun moment dans le pathos et le misérabilisme. Loin des raccourcis faciles, le film insiste au contraire sur la difficulté de tenir la distance et de rester soudés face à l'adversité. Bref, un bon moment de cinéma que je te recommande.




"A propos d'Elly" d'Asghar Farhadi (le réalisateur d'Une Séparation, dont on a beaucoup parlé il y a quelques mois) : Des amis partent passer quelques jours au bord de la mer Caspienne. Trois couples de trentenaires avec leurs enfants et deux célibataires. Ahmad vit en Allemagne et il est revenu en Iran pour rencontrer Elly, une femme que veut lui présenter son amie Sepideh. Mais le week-end vire au drame lorsqu'un des enfants manque de se noyer et qu'Elly disparaît.

Là, pour le coup, je ne savais absolument pas à quoi m'attendre, puisque j'ai vu "A propos d'Elly" avant de voir "Une Séparation". Je crois que j'avais un peu peur de m'ennuyer ; j'avais bien tort. On se croirait presque au théâtre, tellement l'atmosphère est intimiste. La première partie pourrait se passer n'importe où. Mais lorsqu'Elly disparaît, les protagonistes s'empêtrent dans une série de mensonges et sont rattrapés par le poids des conventions sociales et religieuses. Tous se métamorphosent, à l'image de ce ressac agréablement monotone qui devient soudain un mugissement obsédant et inquiétant.
Le scénario est intelligent, les comédiens sont d'une justesse extraordinaire et l'image est magnifique. Je crois bien que c'est le plus beau film que j'ai vu cette année. Je ne sais même pas s'il passe encore en salles, mais si tu as l'occasion de le voir, surtout n'hésite pas.





19.9.11

La fête du slip


 Je sais, je sais. Deux billets aussi rapprochés après un long mois de silence, c'est n'importe nawak. C'est vraiment la fête du slip ici, comme disait le fils d'un copain à la maîtresse le jour de sa rentrée à l'école. Mais quitte à te montrer la commode Oeuf NYC que j'ai gagnée sur Mum Is Geek (merci, merci !) avant les vacances, j'ai décidé d'en profiter pour te donner un aperçu de la chambre du Pois chiche qu'on a intervertie avec la nôtre pendant l'été. C'est assez pauvre en vues d'ensemble, mais c'est qu'il y avait plein de bordel pas très blogogénique dans les coins que mon i-Phone ne me permet pas de faire des photos en grand angle. Tu constateras que j'avais réussi à créer un univers ludique et onirique, comme dans le catalogue Verbaudet, mais c'était sans compter sur les chefs d'oeuvres rapportés du centre aéré et qu'il tient AB-SO-LU-MENT à exposer dans l'appartement. L'avenir de l'art moderne se dissimule au milieu de ces photos, sauras-tu le dénicher ?







J'étais aussi partie pour te mettre une jolie photo des toilettes, parce que le Brun m'a fait la surprise de repeindre la salle de bains pendant que j'étais dans le Sud et que mon salon de lecture est désormais digne des pages d'Elle déco... Malheureusement, je ne crois pas qu'on ait atteint ce niveau-là d'intimité, toi et moi.

13.9.11

I'll be back


 Salut ! Tu te souviens de moi ? Mais si, c'est moi ! La dernière fois, on avait longuement parlé de mon esthéticienne. Je t'avais dit que je partais en vacances, même que je devais te faire signe à mon retour. J'étais encore jeune et naïve, à l'époque. C'était avant la rentrée.
Aujourd'hui, je t'écris du front. Je n'ai toujours pas trouvé la perle qui ira chercher mon fils en plein milieu de la journée à 16 h 30 à l'école et pour l'instant, c'est moi qui m'y colle.

Mais chaque chose en son temps. Sur les vacances, y a pas grand-chose à raconter - c'est dire si elles étaient bonnes. Qu'il te suffise de savoir que grâce à mon gentil neveu et à ma sainte mère, j'ai réussi à m'enquiller Freedom, le dernier pavé de Jonathan Franzen (dont elle parle très bien) tout en adoptant un hâle du meilleur effet. J'ai aussi pris 750 photos du Pois chiche, de son cousin et de sa cousine en train de faire la bombe dans la piscine. Enfin, surtout le cousin et la cousine. Parce que quand l'eau est passée de 26° à 21° après une journée de mistral, le Pois chiche a rapidement manifesté un certain scepticisme face à toute cette histoire de baignade. Il a décrété qu'il préférait courir autour de la piscine en piaillant joyeusement et en s'arrêtant de temps à autre pour arroser les oliviers d'un pipi viril.



Par ailleurs, j'ai failli être écharpée par la foule en délire à la réception du panier intersidéral de la Soupe de l'espace. L'un a embarqué L'Assassin est au collège et le petit bloc-notes de bidules, l'autre s'est appropriée les boucles d'oreille glace et le joli carnet à secrets avec son cadenas, ta serviteuse a mis de côté Waterloo Necropolis avant qu'on le lui pique et les moules à gâteaux à pois ont servi d'écrin à des muffins absolument infâmes réalisés par moi-même avec l'aide précieuse des enfants. Quant au Pois chiche, il s'est littéralement tordu de rire à la lecture de C'est un livre. C'est vrai que le dialogue entre un singe qui lit L'Île au trésor et un âne qui s'interroge sur cet objet avec lequel on ne peut ni chatter, ni twitter, ni envoyer de textos est absolument irrésistible. Mais quand même, vu que le Pois chiche n'a jamais envoyé de textos, ni twitté et encore moins chatté, je me demande encore ce qui l'a autant fait marrer... L'autre livre, c'était La Bête, un recueil de quatre histoires relatant les mésaventures improbables et absurdes de la Bête éponyme et de ses compagnons. Les illustrations de Géraldine Alibeu sont tout aussi poétiques que le texte de Pei-Chun Shih (une auteure taiwanaise dont je n'ai pas réussi à déterminer si elle écrit en français ou si elle est traduite). Mais le véritable clou de ce panier garni, c'était évidemment le drap de bain Simon. Dès qu'il l'a vu, le Pois chiche s'en est emparé et il s'est mis à le traîner partout avec lui. Je peux te dire qu'avec sa serviette Caca Boudin, le roi n'était pas son cousin. J'ai eu le plus grand mal à la lui arracher pour la laver, une fois à Paris.


Le lendemain de notre retour, quand le Brun est venu l'embrasser avant de partir, le Pois chiche a tapoté le lit d'un air engageant en lui disant : "Pourquoi tu restes pas avec nous, papa ?" "Je ne peux pas, je dois aller travailler." Et le môme, sincèrement désolé : "Mais... Mais tu vas être crevé, ce soir !"


Bon, je comptais te narrer la rentrée dans la foulée, mais c'est trop long. Je te garde ma quête de la nounou idéale pour la prochaine fois (ça, c'est du teasing).

21.8.11

Ce n'est qu'un au revoir



Avant de partir à nouveau en vacances (je sais, ça ne s'arrête plus, je crois qu'il va me falloir une cellule de soutien psychologique pour remettre les pieds sur terre), je te raconte une conversation que j'ai eue il y a quelques jours avec une jeune fille d'une vingtaine d'années (mon esthéticienne, si tu veux tout savoir).

Elle : C'est quand même fou, ce qui se passe en ce moment. Je commence vraiment à croire que l'apocalypse approche ! Vous ne trouvez pas, vous, que le monde tourne sur la tête ?
Moi : Oui, c'est vrai que depuis le début de l'année, une nouvelle extraordinaire chasse l'autre.
Elle : Moi, ça me fait halluciner ! Par exemple, quand j'ai appris qu'FX était mort ? Ben, j'ai halluciné. Vous savez, ce type de la téléréalité ? Comme ça, paf ! il est mort. C'est dingue. Et avant lui, Amy Winehouse ! J'veux dire, les gens meurent de plus en plus. Ils meurent comme des mouches. Non ?

Sur la vie de moi, comme on disait quand j'étais jeune, je te jure que je n'invente rien. Il y a des révolutions dans la moitié du monde arabe, le Japon a connu un séisme cataclysmique suivi d'une catastrophe nucléaire, l'Europe est en faillite, DSK a été arrêté pour viol, les gens meurent de faim dans la Corne de l'Afrique et elle, elle hallucine parce que FX est mort. Je veux dire, moi aussi, j'étais fan d'Amy. Mais quand même.
Remarque bien, maintenant que j'y pense : Oussama ben Laden. C'est peut-être vrai que les gens meurent de plus en plus ? Tu crois que ça risque de m'arriver, à moi aussi ?

Sinon, dans un tout autre registre, figure-toi que j'avais dans l'idée de te mettre un vieux sketch de Guy Bedos qui me fait hurler de rire. Pour te dire à quel point j'étais motivée, j'ai même achetée la vidéo à l'INA pour pouvoir la poster ici. Chais pas, y a dû y avoir une mauvaise connexion au niveau des neurones, j'ai pas pensé une seconde que si elle était payante, c'était justement parce qu'on ne pouvait pas la mettre en ligne... Forcément. Bref, je vais bêtement te donner le lien pour que toi aussi, tu te marres comme une baleine devant ton écran, mais c'est quand même contrariant. Sans parler du fait que rebelle comme t'es, tu vas pas cliquer et ça, tu vois, ça me chagrine (technique dite de la mère juive).

Allez, fais-toi plaisir. Ça s'appelle L'Annonce faite à Odile (clic). 

Moi je reviens en septembre parce que là où je vais, y a du soleil et une piscine, mais y a pas internet.
 

18.8.11

Un cri dans la nuit ou le récit du panier garni


Des cris suraigus percent le silence paisible de cet après-midi* estival... Pas de doute, un porc est en train de se faire égorger quelque part dans l'immeuble. Les voisins se postent prudemment à leur fenêtre pour évaluer la gravité de la situation. La dame du troisième claironne aussitôt son verdict à la cantonade. C'est la traînée du sixième qui s'est fait trucider. Depuis le temps qu'elle ramène des types louches chez elle, fallait s'y attendre ! L'agent immobilier du rez de chaussée penche plutôt pour une sieste crapuleuse chez le jeune couple du premier, mais il se garde bien de donner son avis. Il regagne ses pénates en soupirant d'un air rêveur. Au milieu de la cour, le concierge fait des moulinets dans le vide pour paraître plus imposant. Dressé sur ses ergots, il s'efforce de gagner quelques centimètres pour faire oublier son mètre soixante. S'il choppe le petit plaisantin qui brave son autorité, il va lui causer du pays ! Sûrement le propriétaire du kébab, déjà qu'il laisse ses clients téléphoner dans la cour. A force, on se croirait au souk, vous comprenez ? 
Tout à coup, un nouveau hurlement les fait sursauter tous en cœur.  
Ouéééé, j'ai gagnééééééééééééé ! 
Par la fenêtre ouverte du deuxième étage, tout le monde me regarde avec ahurissement faire la danse de St Guy dans un bureau vide. Et oui, les gens... J'ai gagné le concours de la soupe de l'espace et c'est kiki, le petit veinard qui va faire son persil avec une serviette à l'effigie de Simon, le lapin caca boudin ? C'est mon Pois chiche joli, pardi !

Merci la soupe de l'espace !

(Cherche pas, la photo n'a absolument rien à voir avec la choucroute - ou plutôt avec le panier garni.)
* NDLR : oui, en fait c'était l'après midi, mais "un cri dans l'après-midi", tu reconnaîtras que c'est tout de suite moins vendeur et donc, tu excuseras cette légère licence narrative.

15.8.11

Ressourçons-nous

Une sieste dans l'herbe à l'ombre d'un grand arbre avec mon amoureux, mon polar et mon Pois chiche. Un de ces rares moments de bonheur parfait.

Voilà, je participe in extremis au jeu de la Soupe dans l'espace.






13.8.11

A fond de train



Les vacances, c'est un sujet douloureux, à la maison. Parce que le Brun n'aime pas ça.

♫ Vous venez d'entrer dans la quatrième dimension ♫

Oui, tu as bien lu. Le Brun n'aime pas les vacances. Tu savais qu'il y avait des gens qui n'aimaient pas les vacances ? Moi non plus. Eh bien crois-moi, c'est pénible. Par contre, il aime la montagne. (Or pour ma part, si tu as lu ma vie mon oeuvre en trois volumes, tu sais désormais que je ne skie pas) (remarque bien que si je savais rider comme le Brun, j'adorerais ça) (c'est la phase apprentissage qui m'emmerde). Comme tu l'auras deviné, elle préfère l'amour en mer. La plage. Le sel dans les cheveux. Les vagues qui te lèchent les pieds. Le sable entre les orteils. Les nuages qui se balancent dans le ciel au rythme de la houle quand tu fais la planche. L'odeur de la crème solaire. Les cris des gamins qui s'évanouissent quand tu sombres doucement dans le sommeil sur ta serviette... La mer, quoi.

Sauf que le Brun, il n'aime pas trop trop ça, la mer. Il a chaud, il cherche de l'ombre, il s'ennuie, y a trop de vent pour lire, les gens l'énervent, le soleil l'éblouit, il a chaud, l'eau est trop froide, il a faim, il veut jouer au ballon, il a du sable dans son maillot, il a chaud, il en a marre, il veut rentrer, ça fait des heures qu'on est là... Quant au Pois chiche, il a du sable dans ses sandales et il veut pas se baigner parce que c'est froid. Finalement, il veut bien se baigner, mais que les pieds. Et une fois qu'il a les lèvres bleues et qu'il tremble comme un parkinsonien en phase terminale, il refuse catégoriquement de sortir de l'eau. Après, il veut faire un château, mais c'est toi qui le fais. Il a soif. Il a faim. Il a chaud (tiens, ça me rappelle quelqu'un). Il veut pas mettre son chapeau. Il veut bien que tu lises, mais seulement si c'est un Barbapapa... J'ai longtemps cru qu'à terme, le petit d'homme et son père s'occuperaient mutuellement, m'offrant ainsi de longues heures de lecture à peine interrompues par des cris enthousiastes après un bref coup d'oeil à leur château de sable. Bien sûr, bien sûr. Et la marmotte, elle met le chocolat dans le papier d'alu... Vas-y, tu peux te gausser.


Alors en tant que chef des vacances (comprends que c'est moi qui dois tout organiser), j'ai fini par renoncer à la Thaïlande, au Canada, à l'Italie, à l'Espagne et au Portugal pour me rabattre sur le Lot et la Bretagne. Ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit, la France est un merveilleux pays et j'étais absolument enchantée d'en visiter des recoins encore ignorés. C'est juste qu'au départ, j'étais partie sur un truc plus ensoleillé dépaysant, vois-tu. Bref.


Du coup, on a pris le train. Beaucoup. Des heures et des heures des jours et des années même de train. A défaut de m'immoler par l'eau devant chez Météo France, j'ai entrepris de combler le déficit de la SNCF à moi toute seule. Ah ça, je peux te dire qu'on l'a sillonné en long, en large et en travers, le réseau de chemin de fer français, de Paris à Lyon, de Lyon à Cahors via Montpellier et Toulouse, de Cahors à Paris, et enfin de Paris à Guingamp via Rennes, aller et retour.

Voilà, voilà, tout ça pour te faire savoir que le Brun et moi-même sommes désormais champions du monde en divertissement de demi-portion dans le train TOUTES catégories confondues, du compartiment zen à la voiture bar en passant par les relais H et le café de la gare. La preuve par l'image... (et la suite au prochain numéro)