"C’est pas parce qu’on n’a rien à dire qu’il faut fermer sa gueule."


25.7.12

Vacances #1



Il y a eu un long voyage en voiture, les premiers "Quand est-ce qu'on arrive ? C'est long, 5 heures ? Et maintenant, on est bientôt arrivés ?" du Pois chiche, l'embouteillage à Salbris, les chips et les cookies au chocolat jusqu'à écœurement pour faire passer le temps, la magie irisée d'un gigantesque arc-en-ciel qui n'en finissait plus de se déployer sous nos yeux, le jour qui décline et les copains qui nous attendent devant la maison ; il y a eu un étage entier sous les toits juste pour nous trois et un lit si grand que le Pois chiche semblait minuscule dedans, le bruit de ses pas et Jude-le-singe qui tintinnabule quand il vient nous rejoindre le matin ; il y a eu la première baignade de l'année, l'odeur de la crème solaire, les petites fesses nues du Pois chiche, ses côtes saillantes et ses bras que les brassards oranges écartent du corps, ses lèvres bleues quand il me soutenait en grelottant qu'il n'avait pas froid du tout ; il y a eu les apéros face au soleil couchant, la trompette de l'un, la guitare de l'autre, les enfants qu'on fait danser dans la lumière bleutée ; il y a eu les dîners pantagruéliques, les gambas au pastis, la fameuse sauce au gingembre, le carpaccio de courgettes, la saucisse de Toulouse, le chocolat au caramel au beurre salé, l'alcool de prune qu'ils buvaient comme du petit-lait et le citrate de bétaïne le lendemain ; il y a eu les parties de Uno, eux qui braillent et moi blottie dans un fauteuil avec le Gaza de Joe Sacco, trop prenant pour me laisser distraire par la vision fugitive du Brun cachant des cartes sous ses fesses ; il y a eu la fête foraine, la pêche aux canards, le mauvais vin rouge, la barbapapa, le Pois chiche serrant un Spiderman gonflable sur son cœur, un vide-grenier avec des Playmobiles ; il y a eu des nuages et même quelques gouttes de pluie, des humeurs fluctuantes, des siestes dans le hamac, une cabane dans un arbre, un vent propice au cerf-volant ; il y a eu la voiture à nouveau, la voix d'Amy Winehouse, un sandwich et un café sur une aire d'autoroute et puis voilà, on était de retour à Paris.


5.7.12

Ink


Je te le disais hier, je passe une bonne partie de mes journées à scruter le net à la recherche du tatoueur de mes rêves... Et tu peux me croire, il y en a vraiment des qui ont du talent. Bon, d'accord, le cygne en travers du torse (dont je n'ai pas retrouvé l'auteur), je ne suis pas sûre de l'assumer. Moi, je suis une rebelle pas énervée, tu vois. Je m'imagine plutôt avec des oiseaux et des fleurs. Sauf que 1) je voudrais quelqu'un qui me fasse le dessin lui-même et 2) ceux qui me plaisent sont souvent trop loin (David Hale et Jeff Gogue sont américains, par exemple).

David Hale



Jeff Gogue

Mais tu sais ce qu'on dit : il n'y a pas de problèmes, il n'y a que des solutions. C'est pourquoi, décidée à joindre l'utile à l'agréable, je me suis mis en tête de me faire tatouer par Peter Aurisch, un... Berlinois. Reste plus qu'à le convaincre (et à vendre un rein pendant les vacances, accessoirement).

Peter Aurisch
Peter Aurisch

Peter Aurisch

Tu lis ça le Brun ? Tu peux commencer à réviser tes déclinaisons allemandes, gniark gniark...

4.7.12

chapter two


Assieds-toi, ça va te faire un choc : figure-toi que pour une fois, je ne viens pas me plaindre... Je sais, on a peine à y croire. L'effet juillet, je vois que ça. Après avoir passé tout le mois de juin à râler contre la météo et le temps qui passe trop vite, je profite doucement des derniers jours de l'année scolaire pour anticiper avec un plaisir coupable sur les vacances. Comprendre : je repars un jour sur deux du bureau entre 14 h et 15 h 30 pour satisfaire à des obligations vitales, comme de passer l'après-midi à me faire masser le crâne chez le coiffeur. Et quand, par un malheureux concours de circonstances, je m'attarde devant mon écran, c'est pour chercher un tatoueur digne de ce nom. Heureusement, je suis clairement la chouchoute de la boss...
Du coup, je m'offre une deuxième jeunesse. Le week-end dernier, le Pois chiche est parti passer deux jours chez sa grand-mère, à la campagne. J'en ai d'abord profité pour aller voir un vieux groupe de rap français qui chantait ça au début du siècle.  J'avais pas fait de concert de rap depuis une bonne dizaine d'années et j'étais entourée de nostalgiques à la trentaine bien tassée. Je me suis sentie un peu vieille, hein. Mais c'était plutôt marrant. Ensuite, j'ai rejoint le Brun et ses copains menuisiers et on a passé le reste de la nuit à refaire le monde en discutant des mérites comparés de l'anarchie et de la démocratie.


Décidée à poursuivre sur cette belle lancée, je suis allée dîner lundi soir avec N. L'amie avec qui tu t'étrangles sur le grogue cap-verdien. L'amie des pâtes all'arrabiata de 6 h du mat. Celle avec qui tu passes du rire aux larmes. Celle qui est là le jour où le Brun rappelle parce qu'il veut te revoir. La première à qui tu dis : "Je suis enceinte !" Celle qui croit en toi parfois mieux que toi-même. Après un dîner bien arrosé, clôturé comme souvent par une grande déclaration d'amour réciproque à une heure pas très raisonnable, je suis rentrée à la maison sous une lune qui semblait tout droit sortie d'un film de loup-garou. Forte de mon expérience de la semaine dernière, je me suis discrètement faufilée dans le lit et je n'ai SURTOUT PAS ouvert la bouche, gardant pour moi mon estomac chaviré, mon haleine avinée et ma voix de Sue Ellen. Enfin hier, j'ai emmené mon Brun voir le concert des Zoufris Maracas à la Bellevilloise. Il nous a fallu un petit moment pour nous adapter à la température tropicale du lieu, mais j'ai fini par accepter l'idée de me fondre LITTÉRALEMENT dans le décor. La soirée était dédiée aux artistes du label Chapter Two et il y avait donc aussi Winston McAnuff avec Fixi, de Java. Winston n'a pas failli à son surnom d'Electric Dread, il s'est démené comme s'il était en transe, je dégoulinais rien que de le regarder... A chaque fois que je le vois en live, je me dis qu'un de ces quatre, il va nous faire un infarctus sur scène. Les Zoufris aussi avaient bien la patate, dans un autre style. On est ressortis de là moulus, avec le sourire collé aux lèvres, heureux de cette sortie en amoureux.


Bon, c'est pas tout ça, mais faut que je te laisse... J'ai un rendez-vous hyper important chez l'esthéticienne.