"C’est pas parce qu’on n’a rien à dire qu’il faut fermer sa gueule."


8.12.11

Back!


 - Pour la Blonde et la Mexicaine, qui n'y croyaient plus -
(si comme moi, tu es du genre après-gardiste,
n'hésite pas à m'imiter)

un livre : Ben tiens. Et pourquoi pas me demander si je préfère pôpa ou môman ? On est bien d'accord qu'il est IMPOSSIBLE de choisir UN seul livre ? Comment ça, c'est le principe du truc ? Ah bon. Alors, le dernier que j'ai lu : Le Sel et le soufre, d'Anna Langfus. Paru en 1960, ce récit autobiographique décrit la longue descente aux enfers d'une jeune Juive de 19 ans, choyée par ses parents et son mari, et qui se retrouve confrontée à l'insoutenable réalité de la guerre et de la Shoah après l'invasion de la Pologne par l'Allemagne nazie. Un document extraordinaire sur la douleur des survivants.

un dessert : Volontiers, du moment qu'on ne me demande pas de renoncer au fromage.

une odeur :  Celle de la lessive de la môman du Brun. Je l'adore ! A tel point qu'à chaque fois qu'on va chez elle, j'apporte du linge à laver. Tu crois que je devrais en parler à un psy ?

un objet : Une gomme. D'aussi loin que je me souvienne, je me suis toujours trimballée avec une gomme que je passais mon temps à triturer et à me frotter sur les lèvres. J'ai arrêté le jour où un copain qui venait de commencer une analyse m'a dit : "Tiens, tu te gommes la bouche... Intéressant."

une ville : Berlin ! Je veux aller à BERLIN (Le Brun, ceci est un message personnel POUR TOI) !

une émotion : Le moment où je suis sortie des toilettes, avec mon test de grossesse au creux de la main, les joues brûlantes et le coeur battant à tout rompre...
 
un moment de la journée : Mon arrêt matinal à la Perle, sur le chemin du bureau, le temps d'un café crème et d'un Libé en diagonale.
 
une paire de chaussures : La dernière que j'ai achetée, des camarguaises noires fabriquées en France (c'est la nouvelle lubie du Brun). 

un dimanche : J'ai aussi un créneau jeudi, si tu veux.  

une chanson : La reprise de Toxic par Marc Ronson que je t'ai mise en accompagnement de ce billet. J'en profite, parce que le Pois chiche rentre ce soir de chez ses grands-parents et il y a toutes les chances pour qu'à partir de demain, je me remette à chanter en boucle La Compagnie des lapins bleus.

Voilà, voilà. Je sais, c'est un peu léger après un long mois de silence. On va dire que ça me permet de prendre un air dégagé pour te souhaiter, mine de rien...

UNE BONNE ANNÉE 2012 !

2.12.11

L'inconnu de la rue Ordener


 Le téléphone vibre en sourdine sur la table basse et l'écran s'allume. Tiens, un texto ! J'adoooore recevoir des messages. Je jette un coup d'oeil, mais le numéro ne me dit rien. Je lis : "Je dors chez Christophe, rendez-vous demain matin à 8 heures, rue Ordener." Putain, la lose. C'est même pas pour moi, c'est juste une erreur.
Tant pis, je réponds quand même : "Trop tôt, trop loin. Personnellement, demain à 8 heures, je serai dans mon lit". C'est totalement faux, je serai sûrement en train de courir partout dans la maison en répétant mon mantra quotidien des jours d'école : "Putain-on-est-en-retard-putain-on-est-en-retard-putain-putain-vite-on-est-en-retard-putain..." mais bon, le type n'en sait rien. Je lui vends du rêve, tu vois. J'aime bien penser que d'une certaine façon, quelque part dans le monde, dans l'esprit de l'inconnu de la rue Ordener, demain à 8 h, je serai encore en train de dormir. C'est presque comme si je m'offrais un dimanche en pleine semaine.

Je sais pas pourquoi, ça me fait penser à la fois où j'ai envoyé un texto à Anita, une vieille amie que je ne vois pas très souvent, pour l'inviter à un dîner à la maison. Quelques instants plus tard, je reçois la réponse : "Qui c'est ?" Je pourrais écrire bêtement "C'est Céleste," mais je me sens d'humeur facétieuse : "J'y crois pas, t'as même pas mon numéro en mémoire ? Allez, je te donne un indice : je suis beaucoup plus bonne que la plus bonne de tes copines !" Et je joins à mon message une photo de moi en maillot de bain. Quand je te dis que je mange du clown tous les matins au petit-déj. Deux secondes plus tard, le téléphone vibre à nouveau : "Désolé, je ne te connais pas." Anita avait changé de numéro et il y avait désormais un mec qui devait bien rigoler en montrant ma photo à ses copains. Ou pire encore, à ses copines trop bonnes.

Mais pourquoi je te racontais ça, déjà ? Ah oui ! L'inconnu de la rue Ordener. Eh bien figure-toi que ce n'était pas une erreur de destinataire. Ni un inconnu. Ni même mon téléphone, d'ailleurs. Non, c'était le téléphone du Brun, qui avait donc rendez-vous avec un client le lendemain matin à 8 heures pour faire un devis.


29.11.11

Pomelo !


 J'ai découvert il y a peu la série des Pomelo, grâce à la Blonde. C'est beau, c'est intelligent et ça a surtout une qualité que j'apprécie beaucoup dans la littérature ou le cinéma dits "jeunesse", c'est qu'il y a plusieurs niveaux de lecture. J'entends par là que le Pois chiche ne rigole pas pour les mêmes raisons que moi. Comme dans Le Monde de Némo, si tu veux. Quand tu te mets à ricaner devant les mouettes qui piaillent "A moi ! A moi !", c'est - un peu - pour faire savoir au reste de la salle que tu as capté la référence hitchcockienne. Mais le reste de la salle - c'est-à-dire le Pois chiche - est trop occupé à se gondoler sur le canapé en repensant à la scène où Mme Goéland prend une explosion sous-marine pour un prout de M. Goéland pour noter ta vaste culture cinéphile. Le reste de la salle ferait mieux d'aller voir un spectacle de Bigard, moi je dis... Bref, je m'égare.

 Tu l'as compris, j'aime beaucoup Pomelo. Nous avons commencé par le dernier né de la série, à savoir "Pomelo et les couleurs". Après un gros succès auprès du nain, nous avons poursuivi avec "Pomelo est amoureux", "Pomelo voyage" et le magnifique "Pomelo grandit". Tous de la même qualité, mais un chouïa complexes pour un enfant de trois ans. Là où les choses deviennent merveilleuses, c'est que samedi, le Brun et moi-même avons emmené le Pois chiche voir les vitrines de Noël du Bon marché - qui sont toutes pourraves, mais c'est une autre histoire. Et en arrivant à la librairie, que vois-je ? Benjamin Chaud en personne, en train de dédicacer ses livres ! J'ai aussitôt embarqué "Pomelo et les contraires" et surtout "Une chanson d'ours", son dernier ouvrage, qui a manqué de peu le prix du meilleur album 2011 à Montreuil et qui est encensé un peu partout. Bon, pour être tout à fait honnête, le Pois chiche a vite divagué vers les Barbapapa et c'est à peine s'il a jeté un oeil sur le dessin. Les enfants, c'est rien que des ingrats. Si j'avais su, j'aurais dit à Benjamin de me le dédicacer à moi.





17.11.11

At Last!



Enfin, mon amour est venu. Ma solitude a disparu et la vie chante pour moi. Oh oui, enfin ! Le ciel, là-haut, est limpide. Mon coeur frémissait tout bas, le soir où mes yeux se sont posés sur toi. J'ai trouvé un rêve à qui me confier, un rêve qui m'appartient. J'ai trouvé un émoi où poser ma joue, un émoi qui me semble fou. Oh oui, quand tu as souri... Tu as souri et le charme a agi. Et nous voilà tous deux, au paradis. Car tu es mien. Enfin !

6 ans et un Pois chiche plus tard, sache mon Brun que mon coeur continue de frémir tout bas chaque fois que mes yeux se posent sur toi...

7.11.11

La mère amère


 J'entends ses pleurs résonner dans le couloir du métro avant même de la voir. Une femme âgée la tire par la main tandis que derrière, une autre plus jeune monte les escaliers avec une poussette dans les bras. La fillette doit avoir deux ans et demi et cherche clairement à excéder ses compagnes. Sa mère semble d'ailleurs à bout de patience...
Arrivée sur le quai, je monte dans le métro et je m'assieds sur un strapontin. Elles entrent dans le wagon quelques instants plus tard, juste avant la fermeture des portes. Pendant que la plus jeune installe la petite sur une banquette, la vieille dame tente en vain de replier la poussette. L'autre la lui reprend des mains : "Mais non, maman. Laisse-la ouverte." Elle s'installe sur un strapontin. La grand-mère s'assied sur la banquette à côté de sa petite fille, qui se met aussitôt à pleurnicher. "Nan, pas toi !" Après avoir argumenté quelques instants, la mère finit par la prendre avec un soupir exaspéré et la pose dans la poussette, face à elle. Elle fait signe à la vieille dame de la rejoindre. La petite pleure de plus belle. Elle veut la place de sa grand-mère. Elle se débat pour sortir de la poussette et braille à pleins poumon. La vieille se lève en râlant et sa fille l'engueule : "Il ne faut pas céder ! Ce n'est pas elle qui décide, quand même !" Mais tout en parlant, elle attrape l'enfant et la pose rudement sur le siège. "Voilà, t'es contente ? T'as encore gagné !"

La grand-mère vient s'asseoir à côté de moi. Elle a le regard dur et la bouche pincée des gens à qui la vie n'a pas beaucoup souri. Elle lance à sa fille, par dessus la tête de la gamine : "Je t'avais bien dit qu'il fallait pas l'emmener." Avant d'ajouter d'une voix pensive : "Elle a jamais été belle, comme petite... Qu'est-ce qu'elle ressemble à son père !"

Et soudain, j'ai compris pourquoi la môme voulait tellement l'emmerder.

27.10.11

Comment j'ai failli épouser un physicien nucléaire millionnaire


Par un beau samedi d'automne, alors que j'hésitais longuement entre un brie crémeux et un petit chèvre aux airelles à la fromagerie du Monop' (#mavieestpassionnante), j'ai été abordée de façon assez... originale, dirons-nous, par un monsieur qui devait avoir la quarantaine bien tassée et me soufflait à la figure une haleine chargée en alcool.

- Bonjour, je suis physicien nucléaire. J'habite juste à côté. Alors quand j'en ai marre de la physique nucléaire, je descends faire mes courses. Histoire de me changer les idées.
(Un génie s'offre à toi, fillette. Enjoy.)
- Ah oui ?
(Comment te dire... Entre la physique nucléaire et le chèvre aux airelles, y a pas photo.)
- C'est fou, hein. Comme si ça suffisait pas de se fatiguer pour gagner de l'argent, il faut encore travailler pour le dépenser ! Quand on est seul, on est bien obligé de faire ses courses soi-même.
(En plus, je suis célibataire. Décidément, c'est ton jour de chance !)
- Nous, on alterne.
(Je crois que je vais prendre le chèvre ET le brie.)
- Bon, ben salut.

Après avoir erré un long moment dans le supermarché bondé en balançant tout ce qui me tombe sous la main dans mon panier, je finis par me diriger vers la sortie. Devant les caisses, c'est la cohue des grands jours. J'en choisis une au hasard. De toute façon, une sorcière s'est penchée sur mon berceau le jour de ma naissance pour me maudire : "Toi, tu choisiras TOUJOURS la mauvaise file d'attente." Suffit de le savoir et de prendre son mal en patience.
Mais qui je découvre devant moi ? Mon ami le physicien nucléaire, pardi ! L'alcool aidant, il a manifestement tout oublié de notre rencontre, vingt minutes plus tôt. Il se penche vers moi pour me glisser sur le ton de la confidence :

- J'hésite à prendre du champagne...
(Le luxe s'offre à toi, fillette. Enjoy)
- Ah oui ? 
(Putain, ça va être long.) 
- Ben oui, ça irait bien avec le faisan.

Je baisse les yeux et effectivement, il a un faisan mort à la main.
Un faisan. Mort. A la main.

- En même temps, j'ai deux bouteilles de Ruinart à la maison. Ça m'embête parce que j'avais promis d'apporter le faisan à un ami, mais je ne sais plus à qui. Ce serait quand même dommage de gâcher ça !
(Toi et moi, nus sur une peau de bête, une bouteille de Ruinart dans une main et un cuissot de faisan grillé dans l'autre.)
- Ah oui...
(... mais non.)
- C'est parce que je reviens de la chasse. Le chauffeur vient de me déposer. D'habitude, on prend l'hélicoptère, mais bon. Et sinon, vous vous appelez comment ?
(Allez, je t'emmène au Sofitel. Fais pas ta majorette.)
- Céleste.
(Pourquoi je réponds, moi ? Et bon sang, où est passée la caissière ?)
- Ooooh, un cadeau du ciel !
(Je te déballe, on s'emballe et le tour est joué.)
- Je crois que c'est à votre tour.
(Merci mon Dieu, la caissière est revenue.)
- Et y a beaucoup de petites Céleste ?
- ...
- Ben oui, vous avez déjà enfanté ?
- Si c'est une façon poétique de me demander si j'ai des enfants, la réponse est oui.
- Ah. En même temps, dans un couple, y a des hauts et des bas.
(il me mime les montagnes russes de la main)
- Non, nous c'est plutôt comme ça.
(je mime l'ascension d'une fusée vers le plafond du Monop')

Sentant la situation lui échapper, il décide de quitter la scène en beauté.
- Vous venez souvent faire vos courses ici ? Parce que le directeur est un de mes amis intimes. (Il se tourne vers la caissière) Hein, mademoiselle ? Comment va Jean-Pierre ? Vous lui direz bonjour de ma part.

Et tournant dignement les talons, il repart comme il est venu.

Avec son faisan mort à la main.




PS : En parlant de faisan, j'ai dîné dernièrement à la Pizza Chic avec la Blonde et Mme Gloubi. Finalement, c'était un peu ma première vraie rencontre avec toi. Eh bien, sache que j'ai passé un excellent moment, on remet ça quand tu veux :-)

19.10.11

L'histoire de ma tante est épatante...



Aesop a mis un tapis de feuilles mortes dans sa boutique de la rue Vieille du Temple et j'ai sacrément envie d'aller me rouler dedans, je vois comme un petit bout de ciel bleu de ma fenêtre, j'ai changé de vernis, y a une expo dont l'intitulé me fait marrer au Mont de piété, j'ai découvert des jolies affiches que je verrais bien au mur chez le Pois chiche et un très beau film d'animation réalisé par Spike Jonze (♥) et Olympia Le-Tan...
Voilà, voilà. Je reviens dès que j'ai kèkchoz de plus intéressant à dire, hein.




http://www.imagekind.com/best-selling-art-prints



Spike Jonze: Mourir Auprès de Toi on Nowness.com.

12.10.11

Mignonne allons voir si la rose...


 Mon petit, l'heure est grave. Le Pois chiche me rend chèvre, le ciel est gris sale, la maîtresse a un sérieux problème de communication avec les parents, le Brun est angoissé, je surnage dans un océan de papiers administratifs à remplir, je pense à Filles perdues cheveux gras chaque fois que je me regarde dans le miroir, bref j'ai le moral dans les chaussettes. Pour ne pas céder totalement à la morositude ambiante, je fais des listes de petits plaisirs...


Déjeuner avec mon Pois chiche, les yeux dans les yeux, au café du coin, quand la maîtresse fait grève. Lui lire La Grève des moutons, une histoire de Jean-François Dumont qui explique la notion de conflit social aux enfants de façon intelligente et drôle.


Manquer le show case de Random Recipe à l'Alimentation générale et sourire malgré tout en voyant le Brun rentrer avec un bouquet de roses. Voir, ce matin, qu'elles se sont ouvertes et m'extasier devant ce vieux rose poudré, si délicat.


Craquer pour trois nouveaux vernis Mavala et changer de couleurs tous les jours...


Lire un livre qui a une couverture de roman de gare, mais qui se dévore d'une traite et te prend aux tripes. D'acier, de Silvia Avallone.



Allez, ça ira mieux demain.

7.10.11

Last exit to La Guigne (épisode 1)



Tout a commencé vendredi. Avec le Brun, on devait occuper gentiment la soirée et une bonne partie de la nuit en buvant moultes boissons alcoolisées avec des adultes nulliparts dans des lieux où tu n'as pas le droit d'entrer si tu fais moins d'un mètre vingt et que tu ne sais pas prononcer correctement le mot "anticonstitutionnellement". Et pour que tout soit parfait jusqu'au lendemain, on avait convenu de déposer le Pois chiche pour le week-end chez sa grand-mère paternelle. J'aurais dû me douter que les dieux mijotaient un mauvais tour quand la mère du Brun a appelés pour dire qu'elle avait un lumbago et qu'elle souffrait le martyre. Bye-bye, soirée de folaï. Pas question de sortir tous les deux si l'un d'entre nous doit se lever à 7 h le lendemain matin pour faire du puzzle jusqu'à ce que mort s'ensuive. Mon deuxième prénom étant Sacrifice, je me dévoue pour rester à la maison (le Brun te dirait que c'est parce que j'étais déjà sortie deux fois cette semaine et qu'il s'agissait d'une fête chez des amis à lui, mais c'est parce que son deuxième prénom est Ingrat).
Une fois le Pois chiche couché, je me love tranquillement dans le canapé pour me faire une soirée télé. Manifestement, les voisins du dessous ont organisé une petite sauterie, j'entends la musique par la fenêtre ouverte. Au moment où je me couche, vers minuit, ils sont en train de massacrer Jump Around. Pendant qu'Everlast se retourne dans sa future tombe, je tourne dans mon lit en cherchant le sommeil.

1 h 00, tiens j'ai dû somnoler quelques instants, ils sont passés du best-of des années 90 à la techno. Cool.
2 h 00, je craque. Je me lève, j'enfile le premier truc qui me tombe sous la main, je mets mes lunettes de vieille taupe et je vais sonner. Sauf qu'il est déjà trop tard, grossière erreur de débutante. Je me retrouve face à un gentil jeune homme très imbibé qui répète après moi en balbutiant et en comptant comme il peut sur ses doigts : "Alors 1, on ferme les fenêtres et 2, on baisse le son. Surtout, n'hésitez pas à descendre s'il y a encore un problème." Voilà voilà, on n'a qu'à faire comme ça. Si je redescends, je sors ma machette jamaïcaine.
2 h 10, David Guetta fait trembler le plancher. Je regarde à la fenêtre, c'est grand ouvert à l'étage en dessous.
2 h 11, je me transforme. Je remets mes lunettes et je redescends.
2 h 13, je cogne comme une brute à la porte. Quelqu'un ouvre. Je suis pas physionomiste, je n'essaie même pas de savoir si c'est un de mes voisins. Je me mets à brailler direct : "TU TE FOUS DE MA GUEULE ? JE T'AI DEMANDÉ DE FERMER LA FENÊTRE IL Y A CINQ MINUTES ! (si ça se trouve, c'est pas à lui que j'ai demandé, mais on va pas chipoter) DEMAIN MATIN, JE DESCENDS A 7 H ET TU VAS FAIRE DES PUZZLES AVEC MON GAMIN, PIGÉ ?"
Je remonte l'escalier sans même écouter la réponse. Avant de fermer la porte, j'entends une voix affolée me lancer : "Pardon, madame !"
2 h 25, la musique s'arrête et tout le monde s'en va. Je leur ai pourri leur fête, je suis officiellement devenue la vieille relou du dessus. M'en fous, je dors.

Je tiens à préciser que quand le Pois chiche s'est réveillé à 6 h 30 (oui, oui, tu as bien lu) le lendemain, alors que le Brun n'était même pas encore rentré... eh ben, je ne suis pas descendue avec les puzzles et je l'ai empêché de courir partout dans l'appart en tapant très fort des pieds. Tu vois, il y a un coeur qui bat sous cette enveloppe de vieille mégère.

28.9.11

Le point mode



Sache que je suis une dépensière compulsive. D'où mon surnom de Mme Clakpognon. Depuis quelques années, je suis un peu mieux dans mes baskets et j'ai moins tendance à filer chez le Suédois ou l'Espagnol pour renouveler entièrement ma tenue du jour chaque fois que je me sens fagotée comme l'as de pique. Peut-être aussi parce que j'ai appris à mettre des choses qui me vont plutôt qu'à m'habiller comme des filles à qui j'aimerais ressembler. Bref.
A la naissance du Pois chiche, j'ai eu comme une rechute. Aaaah, la joie de dépenser pour lui en jetant toute culpabilité aux orties ! Pendant quelques temps, j'ai rempli des paniers à tours de bras sur l'Internet mondial. Ces deux rabat-joie que sont mon banquier et mon Brun y ont vite mis le holà. Le premier m'a accablé de lettres évoquant mon découvert autorisé, les anomalies de fonctionnement sur mon compte et des offres mirobolantes de crédit à douze mille pour cent. Quant au deuxième, il s'est contenté de me signaler qu'on risquait de finir tous les trois enterrés vivants sous des montagnes de fringues. "Pourquoi tu dis ça ?" ai-je nonchalamment demandé en m’arcboutant contre le tiroir de la commode pour l'empêcher de vomir son contenu.
Depuis, je me suis assagie. Mais j'ai pas renoncé à toute transaction financière, hein. Faut pas déconner, non plus. Disons juste que je ne cède plus à la pulsion. C'est pour ça que ce tee-shirt poupiya de chez Golden Purple, eh ben je le regrette pas une seconde tu vois.

26.9.11

Jour de grève

"Chers Parents,

Ensemble nous avons à cœur que votre enfant réussisse son année scolaire avec sérénité et nous ferons tout pour cela.
Mais à cette rentrée, la situation est grave
Dans la lignée des années précédentes, le ministère a supprimé 9 000 postes d’enseignants des écoles de France alors que 8 300 élèves supplémentaires sont accueillis dans les classes. Conséquences :  
davantage d’élèves par classe 
moins d’enseignants spécialisés pour aider les élèves en difficulté
moins de remplaçants et des enfants répartis dans les autres classes quand l’enseignant est absent
les enfants de moins de trois ans laissés à la porte de l’école maternelle même quand vous souhaiteriez les scolariser...
A cela s’ajoute :
la suppression des emplois d’aide administrative à la direction d’école  
la disparition des assistants pédagogiques dans les ZEP
la formation des nouveaux enseignants lourdement diminuée.
Dans un contexte de crise, le gouvernement fait le choix de sacrifier l’avenir et prévoit déjà de supprimer encore plusieurs milliers de postes d’enseignants des écoles à la rentrée 2012.
Pour nous, il faut faire entendre que l’éducation doit redevenir une priorité. Il en va de l’avenir de chacun des enfants, comme de celui du pays.
C’est pourquoi, le mardi 27 septembre, votre enfant n’aura pas classe. Nous pensons que nous devons poursuivre notre engagement en faveur d’une école qui favorise la réussite de tous, reposant sur une société plus juste et qui investit sur l’avenir. Nous comptons sur votre compréhension et sur votre soutien."

Quand tu vois que même les enseignants du privé font grève, tu te dis qu'il est peut-être temps de paniquer, non ? D'autant que la France est déjà bonne dernière de l'OCDE (Europe occidentale et Amérique du nord, Japon, Australie, Nouvelle-Zélande, Corée et certains pays d'Europe centrale comme la République tchèque, la Hongrie et la Pologne) en nombre de professeurs par élève. Alors les suppressions de postes, ça commence à bien faire. OK les gars ?

22.9.11

J'ai vu la fureur et les cris *


Toi et moi, on sait que la vie n'est pas qu'un long éclat de rire. Enfin surtout moi, rapport au fait que Verdun est à la rentrée ce que la Petite Maison dans la Prairie est à Saw VI (j'adore ce titre). Crois-moi, bleubite, j'ai vu des choses qui feraient passer tes pires cauchemars pour une simple promenade de santé.
Le lundi, au réveil, le Pois chiche a eu comme un pressentiment. Il m'a annoncé d'un air dégagé : "Aujourd'hui, je veux pas aller à l'école." Et il a ajouté : "Parce que le Pois chiche, ça l'intéresse pas, l'école." Tu noteras que ce n'est pas parce qu'il a peur ou parce qu'il préférerait être en train de courir nu autour d'une piscine en pissant sur les figuiers. Non, non, non. C'est juste que la pâte à modeler, ça va bien cinq minutes. Il a hâte que la maîtresse aborde enfin La Critique de la raison pure. (Tu noteras aussi qu'il parle de lui-même à la troisième personne, ce qui nous donne parfois des scènes d'autocongratulation dignes d'Alain Delon : "Le Pois chiche, il est FORT. Il a réussi à mettre ses chaussures TOUT SEUL. T'as vu, maman, comme il est fort, le Pois chiche ?").
En partant de la maison, il me faisait encore la conversation. Mais plus on approchait de l'école et plus il devenait silencieux. Et plus il s'assombrissait. Et plus il ralentissait. Encore un peu et on reculait.
En arrivant dans le couloir, on a commencé à entendre les cris. J'ai vu le visage de mon petit homme se chiffonner et ses yeux se sont remplis de larmes. J'ai senti que moi aussi, j'avais la boule au ventre. Dans la classe, c'était la panique. Un gamin écarlate hurlait à la mort en s'accrochant à sa mère pendant qu'un autre luttait contre l'atsem pour plonger vers la porte. Hébétés, agrippés à leur doudou comme s'ils venaient de vivre une catastrophe naturelle, les autres gamins se rencoignaient sur leurs chaises en versant des torrents de larmes... Mais à la guerre comme à la guerre, chacun pour soi. J'ai fini par m'enfuir lâchement, poursuivie par les appels pitoyables de mon fils. Je te jure que je n'exagère pas (ou à peine).

Bref, contrairement à toute attente, le Pois chiche a survécu a cette première journée (et moi aussi). Depuis, il arrive parfois qu'on s'échange un regard de connivence, sans rien dire, de l'air de ceux qui savent qu'il vaut quand même mieux en rire...




(* Référence hautement intellectuelle accessible uniquement aux plus de 35 ans)

21.9.11

Cinémascope



"La Guerre est déclarée" de Valérie Donzelli : Roméo et Juliette sont jeunes, amoureux et insouciants. Leur vie bascule le jour où ils découvrent que leur fils Adam a une tumeur au cerveau. Ensemble, ils vont livrer bataille contre la maladie.


Quand j'ai décidé d'aller au cinéma la semaine dernière, je savais à quoi m'attendre. J'avais un paquet de kleenex dans la poche et je m'étais résignée à l'idée de verser des larmes de crocodile. Pour te dire la vérité, je m'en voulais un peu d'avoir choisi ce film. J'avais peur de me coltiner un mélodrame avec moult plans fixes sur des visages tordus de douleurs et des violons lancinants en musique de fond. Mais bon, les critiques étaient bonnes et mon amie J. tenait à le voir.
Précisons, pour remettre les choses dans leur contexte, que l'auteur de ce billet a un jour baigné de larmes le canapé familial devant un épisode particulièrement émouvant de Starsky & Hutch (Mais si, celui où la copine de Starsky meurt quinze jours avant Noël et quand ils ouvrent les cadeaux qu'elle a laissés, Hutch découvre une lettre dans laquelle elle lui demande de prendre soin de Starsky. Même qu'ils ont tellement les boules qu'ils quittent la police... Oh là là, ce qu'il était triste, cet épisode. Attends, je vais me moucher et je reviens). Tu l'auras compris, je suis un peu une mauviette de la comédie dramatique et je mentirais si je te disais que je n'ai pas pleuré.
Oui, mais j'ai ri aussi. Et même très franchement."La Guerre est déclarée" ne tombe à aucun moment dans le pathos et le misérabilisme. Loin des raccourcis faciles, le film insiste au contraire sur la difficulté de tenir la distance et de rester soudés face à l'adversité. Bref, un bon moment de cinéma que je te recommande.




"A propos d'Elly" d'Asghar Farhadi (le réalisateur d'Une Séparation, dont on a beaucoup parlé il y a quelques mois) : Des amis partent passer quelques jours au bord de la mer Caspienne. Trois couples de trentenaires avec leurs enfants et deux célibataires. Ahmad vit en Allemagne et il est revenu en Iran pour rencontrer Elly, une femme que veut lui présenter son amie Sepideh. Mais le week-end vire au drame lorsqu'un des enfants manque de se noyer et qu'Elly disparaît.

Là, pour le coup, je ne savais absolument pas à quoi m'attendre, puisque j'ai vu "A propos d'Elly" avant de voir "Une Séparation". Je crois que j'avais un peu peur de m'ennuyer ; j'avais bien tort. On se croirait presque au théâtre, tellement l'atmosphère est intimiste. La première partie pourrait se passer n'importe où. Mais lorsqu'Elly disparaît, les protagonistes s'empêtrent dans une série de mensonges et sont rattrapés par le poids des conventions sociales et religieuses. Tous se métamorphosent, à l'image de ce ressac agréablement monotone qui devient soudain un mugissement obsédant et inquiétant.
Le scénario est intelligent, les comédiens sont d'une justesse extraordinaire et l'image est magnifique. Je crois bien que c'est le plus beau film que j'ai vu cette année. Je ne sais même pas s'il passe encore en salles, mais si tu as l'occasion de le voir, surtout n'hésite pas.





19.9.11

La fête du slip


 Je sais, je sais. Deux billets aussi rapprochés après un long mois de silence, c'est n'importe nawak. C'est vraiment la fête du slip ici, comme disait le fils d'un copain à la maîtresse le jour de sa rentrée à l'école. Mais quitte à te montrer la commode Oeuf NYC que j'ai gagnée sur Mum Is Geek (merci, merci !) avant les vacances, j'ai décidé d'en profiter pour te donner un aperçu de la chambre du Pois chiche qu'on a intervertie avec la nôtre pendant l'été. C'est assez pauvre en vues d'ensemble, mais c'est qu'il y avait plein de bordel pas très blogogénique dans les coins que mon i-Phone ne me permet pas de faire des photos en grand angle. Tu constateras que j'avais réussi à créer un univers ludique et onirique, comme dans le catalogue Verbaudet, mais c'était sans compter sur les chefs d'oeuvres rapportés du centre aéré et qu'il tient AB-SO-LU-MENT à exposer dans l'appartement. L'avenir de l'art moderne se dissimule au milieu de ces photos, sauras-tu le dénicher ?







J'étais aussi partie pour te mettre une jolie photo des toilettes, parce que le Brun m'a fait la surprise de repeindre la salle de bains pendant que j'étais dans le Sud et que mon salon de lecture est désormais digne des pages d'Elle déco... Malheureusement, je ne crois pas qu'on ait atteint ce niveau-là d'intimité, toi et moi.

13.9.11

I'll be back


 Salut ! Tu te souviens de moi ? Mais si, c'est moi ! La dernière fois, on avait longuement parlé de mon esthéticienne. Je t'avais dit que je partais en vacances, même que je devais te faire signe à mon retour. J'étais encore jeune et naïve, à l'époque. C'était avant la rentrée.
Aujourd'hui, je t'écris du front. Je n'ai toujours pas trouvé la perle qui ira chercher mon fils en plein milieu de la journée à 16 h 30 à l'école et pour l'instant, c'est moi qui m'y colle.

Mais chaque chose en son temps. Sur les vacances, y a pas grand-chose à raconter - c'est dire si elles étaient bonnes. Qu'il te suffise de savoir que grâce à mon gentil neveu et à ma sainte mère, j'ai réussi à m'enquiller Freedom, le dernier pavé de Jonathan Franzen (dont elle parle très bien) tout en adoptant un hâle du meilleur effet. J'ai aussi pris 750 photos du Pois chiche, de son cousin et de sa cousine en train de faire la bombe dans la piscine. Enfin, surtout le cousin et la cousine. Parce que quand l'eau est passée de 26° à 21° après une journée de mistral, le Pois chiche a rapidement manifesté un certain scepticisme face à toute cette histoire de baignade. Il a décrété qu'il préférait courir autour de la piscine en piaillant joyeusement et en s'arrêtant de temps à autre pour arroser les oliviers d'un pipi viril.



Par ailleurs, j'ai failli être écharpée par la foule en délire à la réception du panier intersidéral de la Soupe de l'espace. L'un a embarqué L'Assassin est au collège et le petit bloc-notes de bidules, l'autre s'est appropriée les boucles d'oreille glace et le joli carnet à secrets avec son cadenas, ta serviteuse a mis de côté Waterloo Necropolis avant qu'on le lui pique et les moules à gâteaux à pois ont servi d'écrin à des muffins absolument infâmes réalisés par moi-même avec l'aide précieuse des enfants. Quant au Pois chiche, il s'est littéralement tordu de rire à la lecture de C'est un livre. C'est vrai que le dialogue entre un singe qui lit L'Île au trésor et un âne qui s'interroge sur cet objet avec lequel on ne peut ni chatter, ni twitter, ni envoyer de textos est absolument irrésistible. Mais quand même, vu que le Pois chiche n'a jamais envoyé de textos, ni twitté et encore moins chatté, je me demande encore ce qui l'a autant fait marrer... L'autre livre, c'était La Bête, un recueil de quatre histoires relatant les mésaventures improbables et absurdes de la Bête éponyme et de ses compagnons. Les illustrations de Géraldine Alibeu sont tout aussi poétiques que le texte de Pei-Chun Shih (une auteure taiwanaise dont je n'ai pas réussi à déterminer si elle écrit en français ou si elle est traduite). Mais le véritable clou de ce panier garni, c'était évidemment le drap de bain Simon. Dès qu'il l'a vu, le Pois chiche s'en est emparé et il s'est mis à le traîner partout avec lui. Je peux te dire qu'avec sa serviette Caca Boudin, le roi n'était pas son cousin. J'ai eu le plus grand mal à la lui arracher pour la laver, une fois à Paris.


Le lendemain de notre retour, quand le Brun est venu l'embrasser avant de partir, le Pois chiche a tapoté le lit d'un air engageant en lui disant : "Pourquoi tu restes pas avec nous, papa ?" "Je ne peux pas, je dois aller travailler." Et le môme, sincèrement désolé : "Mais... Mais tu vas être crevé, ce soir !"


Bon, je comptais te narrer la rentrée dans la foulée, mais c'est trop long. Je te garde ma quête de la nounou idéale pour la prochaine fois (ça, c'est du teasing).

21.8.11

Ce n'est qu'un au revoir



Avant de partir à nouveau en vacances (je sais, ça ne s'arrête plus, je crois qu'il va me falloir une cellule de soutien psychologique pour remettre les pieds sur terre), je te raconte une conversation que j'ai eue il y a quelques jours avec une jeune fille d'une vingtaine d'années (mon esthéticienne, si tu veux tout savoir).

Elle : C'est quand même fou, ce qui se passe en ce moment. Je commence vraiment à croire que l'apocalypse approche ! Vous ne trouvez pas, vous, que le monde tourne sur la tête ?
Moi : Oui, c'est vrai que depuis le début de l'année, une nouvelle extraordinaire chasse l'autre.
Elle : Moi, ça me fait halluciner ! Par exemple, quand j'ai appris qu'FX était mort ? Ben, j'ai halluciné. Vous savez, ce type de la téléréalité ? Comme ça, paf ! il est mort. C'est dingue. Et avant lui, Amy Winehouse ! J'veux dire, les gens meurent de plus en plus. Ils meurent comme des mouches. Non ?

Sur la vie de moi, comme on disait quand j'étais jeune, je te jure que je n'invente rien. Il y a des révolutions dans la moitié du monde arabe, le Japon a connu un séisme cataclysmique suivi d'une catastrophe nucléaire, l'Europe est en faillite, DSK a été arrêté pour viol, les gens meurent de faim dans la Corne de l'Afrique et elle, elle hallucine parce que FX est mort. Je veux dire, moi aussi, j'étais fan d'Amy. Mais quand même.
Remarque bien, maintenant que j'y pense : Oussama ben Laden. C'est peut-être vrai que les gens meurent de plus en plus ? Tu crois que ça risque de m'arriver, à moi aussi ?

Sinon, dans un tout autre registre, figure-toi que j'avais dans l'idée de te mettre un vieux sketch de Guy Bedos qui me fait hurler de rire. Pour te dire à quel point j'étais motivée, j'ai même achetée la vidéo à l'INA pour pouvoir la poster ici. Chais pas, y a dû y avoir une mauvaise connexion au niveau des neurones, j'ai pas pensé une seconde que si elle était payante, c'était justement parce qu'on ne pouvait pas la mettre en ligne... Forcément. Bref, je vais bêtement te donner le lien pour que toi aussi, tu te marres comme une baleine devant ton écran, mais c'est quand même contrariant. Sans parler du fait que rebelle comme t'es, tu vas pas cliquer et ça, tu vois, ça me chagrine (technique dite de la mère juive).

Allez, fais-toi plaisir. Ça s'appelle L'Annonce faite à Odile (clic). 

Moi je reviens en septembre parce que là où je vais, y a du soleil et une piscine, mais y a pas internet.
 

18.8.11

Un cri dans la nuit ou le récit du panier garni


Des cris suraigus percent le silence paisible de cet après-midi* estival... Pas de doute, un porc est en train de se faire égorger quelque part dans l'immeuble. Les voisins se postent prudemment à leur fenêtre pour évaluer la gravité de la situation. La dame du troisième claironne aussitôt son verdict à la cantonade. C'est la traînée du sixième qui s'est fait trucider. Depuis le temps qu'elle ramène des types louches chez elle, fallait s'y attendre ! L'agent immobilier du rez de chaussée penche plutôt pour une sieste crapuleuse chez le jeune couple du premier, mais il se garde bien de donner son avis. Il regagne ses pénates en soupirant d'un air rêveur. Au milieu de la cour, le concierge fait des moulinets dans le vide pour paraître plus imposant. Dressé sur ses ergots, il s'efforce de gagner quelques centimètres pour faire oublier son mètre soixante. S'il choppe le petit plaisantin qui brave son autorité, il va lui causer du pays ! Sûrement le propriétaire du kébab, déjà qu'il laisse ses clients téléphoner dans la cour. A force, on se croirait au souk, vous comprenez ? 
Tout à coup, un nouveau hurlement les fait sursauter tous en cœur.  
Ouéééé, j'ai gagnééééééééééééé ! 
Par la fenêtre ouverte du deuxième étage, tout le monde me regarde avec ahurissement faire la danse de St Guy dans un bureau vide. Et oui, les gens... J'ai gagné le concours de la soupe de l'espace et c'est kiki, le petit veinard qui va faire son persil avec une serviette à l'effigie de Simon, le lapin caca boudin ? C'est mon Pois chiche joli, pardi !

Merci la soupe de l'espace !

(Cherche pas, la photo n'a absolument rien à voir avec la choucroute - ou plutôt avec le panier garni.)
* NDLR : oui, en fait c'était l'après midi, mais "un cri dans l'après-midi", tu reconnaîtras que c'est tout de suite moins vendeur et donc, tu excuseras cette légère licence narrative.

15.8.11

Ressourçons-nous

Une sieste dans l'herbe à l'ombre d'un grand arbre avec mon amoureux, mon polar et mon Pois chiche. Un de ces rares moments de bonheur parfait.

Voilà, je participe in extremis au jeu de la Soupe dans l'espace.






13.8.11

A fond de train



Les vacances, c'est un sujet douloureux, à la maison. Parce que le Brun n'aime pas ça.

♫ Vous venez d'entrer dans la quatrième dimension ♫

Oui, tu as bien lu. Le Brun n'aime pas les vacances. Tu savais qu'il y avait des gens qui n'aimaient pas les vacances ? Moi non plus. Eh bien crois-moi, c'est pénible. Par contre, il aime la montagne. (Or pour ma part, si tu as lu ma vie mon oeuvre en trois volumes, tu sais désormais que je ne skie pas) (remarque bien que si je savais rider comme le Brun, j'adorerais ça) (c'est la phase apprentissage qui m'emmerde). Comme tu l'auras deviné, elle préfère l'amour en mer. La plage. Le sel dans les cheveux. Les vagues qui te lèchent les pieds. Le sable entre les orteils. Les nuages qui se balancent dans le ciel au rythme de la houle quand tu fais la planche. L'odeur de la crème solaire. Les cris des gamins qui s'évanouissent quand tu sombres doucement dans le sommeil sur ta serviette... La mer, quoi.

Sauf que le Brun, il n'aime pas trop trop ça, la mer. Il a chaud, il cherche de l'ombre, il s'ennuie, y a trop de vent pour lire, les gens l'énervent, le soleil l'éblouit, il a chaud, l'eau est trop froide, il a faim, il veut jouer au ballon, il a du sable dans son maillot, il a chaud, il en a marre, il veut rentrer, ça fait des heures qu'on est là... Quant au Pois chiche, il a du sable dans ses sandales et il veut pas se baigner parce que c'est froid. Finalement, il veut bien se baigner, mais que les pieds. Et une fois qu'il a les lèvres bleues et qu'il tremble comme un parkinsonien en phase terminale, il refuse catégoriquement de sortir de l'eau. Après, il veut faire un château, mais c'est toi qui le fais. Il a soif. Il a faim. Il a chaud (tiens, ça me rappelle quelqu'un). Il veut pas mettre son chapeau. Il veut bien que tu lises, mais seulement si c'est un Barbapapa... J'ai longtemps cru qu'à terme, le petit d'homme et son père s'occuperaient mutuellement, m'offrant ainsi de longues heures de lecture à peine interrompues par des cris enthousiastes après un bref coup d'oeil à leur château de sable. Bien sûr, bien sûr. Et la marmotte, elle met le chocolat dans le papier d'alu... Vas-y, tu peux te gausser.


Alors en tant que chef des vacances (comprends que c'est moi qui dois tout organiser), j'ai fini par renoncer à la Thaïlande, au Canada, à l'Italie, à l'Espagne et au Portugal pour me rabattre sur le Lot et la Bretagne. Ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit, la France est un merveilleux pays et j'étais absolument enchantée d'en visiter des recoins encore ignorés. C'est juste qu'au départ, j'étais partie sur un truc plus ensoleillé dépaysant, vois-tu. Bref.


Du coup, on a pris le train. Beaucoup. Des heures et des heures des jours et des années même de train. A défaut de m'immoler par l'eau devant chez Météo France, j'ai entrepris de combler le déficit de la SNCF à moi toute seule. Ah ça, je peux te dire qu'on l'a sillonné en long, en large et en travers, le réseau de chemin de fer français, de Paris à Lyon, de Lyon à Cahors via Montpellier et Toulouse, de Cahors à Paris, et enfin de Paris à Guingamp via Rennes, aller et retour.

Voilà, voilà, tout ça pour te faire savoir que le Brun et moi-même sommes désormais champions du monde en divertissement de demi-portion dans le train TOUTES catégories confondues, du compartiment zen à la voiture bar en passant par les relais H et le café de la gare. La preuve par l'image... (et la suite au prochain numéro)